Le numéro de juin 2021, de notre journal paroissial “au Fil de l’Antenne” vient de paraitre. Voici son éditorial :
Au moment où je rédige ce texte (3 mai), l’allègement des contraintes débutent avec la fin des restrictions de déplacement en journée. Au moment où vous recevez ce journal, ce devrait être la réouverture limitée des commerces, cinémas, musées, théâtres et terrasses des bars et restaurants, ainsi que le décalage de 19 heures à 21 heures du couvre-feu. Autant de signes du retour à une vie « normale » … Peut-être avons-nous été tentés par le repliement sur nous-mêmes, par le découragement et le pessimisme. Plutôt que de nous enfermer dans l’illusion, dans le rêve d’un temps autre et meilleur, le pape François, dans le livre « Un temps pour changer » écrit en ces temps de crise de la Covid, nous invite à « nous concentrer sur les petites actions concrètes et positives que nous pouvons entreprendre, en semant de l’espoir ou en travaillant pour la justice ». Il nous dit aussi que « c’est le temps de … revenir à ce qui vaut authentiquement la peine. La valeur de la vie, de la nature, de la dignité de la personne, du travail, de la relation, sont des valeurs clés de la vie humaine, qui ne peuvent être ni échangées, ni sacrifiées ».
Au moment où je rédige ce texte, nous venons d’apprendre le projet d’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile dans une des communes de notre paroisse. J’imagine une série de questions : pourquoi chez nous (et pas ailleurs) ? ; de quelle origine et de quelle(s) religion(s) ? ; des hommes seuls ou des familles ? … Il s’agit tout d’abord de décongestionner la région parisienne et celle des Hauts de France, saturées et de répartir l’effort d’accueil sur l’ensemble du territoire, par un accueil digne, mis en œuvre par une association qui a une expérience dans l’accueil et l’accompagnement des réfugiés et plus généralement dans l’insertion sociale. La finalité des activités de cette association est la prise en charge globale des publics accueillis ou accompagnés : accueil, hébergement, accompagnement dans les démarches administratives et juridiques, accompagnement sanitaire et social …
Il est de notre mission de chrétiens de nous associer à cet accueil, en fonction des besoins qui seront identifiés.
Dans son encyclique « Tous frères » (en italien Fratelli tutti), le pape François médite longuement la parabole, bien connue, du « bon Samaritain » : « Jésus raconte qu’il y avait un homme blessé, gisant sur le chemin, agressé. Plusieurs sont passés près de lui mais ont fui, ils ne se sont pas arrêtés… Quelqu’un d’autre s’est arrêté, lui a fait le don de la proximité, a personnellement pris soin de lui, a également payé de sa poche et s’est occupé de lui… ». Jésus a proposé cette parabole pour répondre à une question : qui est mon prochain ? Le mot « prochain » dans la société du temps de Jésus, mais également souvent pour nous, indiquait d’ordinaire celui qui était le plus proche, voisin, parent. Jésus transforme complètement cette approche : il ne nous invite pas à nous demander qui est proche de nous, mais à nous faire proches, prochains.
Sur la route, nous rencontrons inévitablement l’homme blessé. Aujourd’hui, et de plus en plus, il y a des blessés. Aujourd’hui, pour nous, le blessé sur notre chemin : ce sont ces demandeurs d’asile.
Mais il existe d’autres blessés, d’autres personnes en précarité dans notre entourage, souvent cachées. Le secours catholique de St Jean d’Angély recherche des bénévoles pour créer une équipe d’accueil et d’accompagnement pour son antenne de Matha (voir annonce page X). Une autre façon de se faire proche, de semer de l’espoir et travailler pour la justice …
Guy Auburtin, curé de la paroisse du Pays de Matha