Alors en 2024 : une année vers la fraternité ?

Editorial du numéro de janvier 2024 du journal paroissial « au Fil de l’Antenne » .

Ce matin au réveil : « je sais comment je vais aborder mon édito pour le Fil de l’Antenne ». Nous sommes à la fin d’une année et au seuil d’une nouvelle année ; comment aborder cela ? En fait, je vais vous confier quelques flashs (parmi d’autres) de ma journée d’hier…

« Pour qui voulez-vous prier aujourd’hui ? » C’est ma façon d’introduire la prière universelle lors des messes en semaine, dans les villages ou en maison de retraite. Bien entendu, nous pensons à nos proches, nos voisins, mais aussi à toutes les situations de crise dans le monde. Et cette année 2023 en aura été riche. Une prière pour la paix dans le monde, dans les familles, dans notre pays … L’actualité et les images de la télévision pourraient nous confiner au pessimisme, au repli, en oubliant de voir tout ce qui est beau autour de nous.

Depuis un peu plus d’un an, je rencontre des migrants au centre d’accueil de Beaulieu (St Ouen la Thène) pour leur donner quelques notions de français. J’essaie d’y aller une ou deux fois chaque semaine, pendant le temps de midi et c’est chaque fois un moment de bonheur. J’y rencontre surtout des personnes qui viennent d’arriver et sont là de manière temporaire, dans l’attente d’une orientation vers une autre structure d’hébergement[1]. Suzy a pris le relais pour des personnes présentes sur une plus longue durée. Je commence avec 3 ou 5 personnes pour finir la séance à 15-20, en m’adaptant aux personnes présentes. Hier, je suis parti d’un document qu’ils ont tous, une « attestation de demande d’asile ». On commence par leurs nom et prénom et c’est l’occasion d’épeler (à la fois décrypter mais aussi prononcer) les lettres. Cela peut nous paraitre banal, mais certains utilisent un autre alphabet dans leur langue … Nationalité ? Dolma vient du Tibet et appris qu’en français on dit qu’elle est tibétaine. Hier, nous avons eu la chance d’accueillir un couple russe (Artak et Ani) avec un grand fils (Petros) : une chance pour aborder les mots : mari, épouse/femme, père, mère, fils, parent(s)… Et tout cela permet à chacun de dire « je suis ». N’est pas une (la) question fondamentale du sens de la vie, pour chacun de nous : au fond, qui suis-je ?[2] Je ne leur pose pas de question sur leur parcours, je ne suis pas là pour cela, mais je peux les écouter. En venant au cours, dans la ruelle qui parcourt le centre, Irina m’a dit qu’elle venait d’Arménie et en particulier du Haut-Karabakh, région en guerre vidée de ses habitants arméniens. On imagine… Et revoici le lien avec l’actualité … Dimanche, elle était venue à la messe avec Mario (péruvien) et Camino (colombien) et, pour eux, nous avons lu l’évangile en espagnol… Pourquoi tout cela ? Parce que nous sommes là au cœur de l’Evangile : « J’étais un étranger et vous m’avez recueilli » (Mt 25,35)[3]. Vous aussi, pouvez partager cette joie, nous pouvons être plus nombreux …

Au cours de l’après-midi, une rencontre avec une personne d’une cinquantaine d’année en parcours vers la confirmation. En fait, il n’y a pas d’âge pour cheminer vers le baptême, la première communion ou la confirmation. Le thème du jour « Croire en Dieu parmi d’autres croyants ». Une occasion pour nous rappeler que les croyants d’autres religions, chrétiennes ou non, peuvent être pour nous des témoins, nous ouvrir à la diversité des relations avec Dieu et à la fraternité. Dans ce numéro, vous trouverez un article sur la semaine de prière pour l’unité des chrétiens et, en dernière page, la date de la veillée de prière à Matha.