Le numéro de décembre 2024 du journal paroissial “Au Fil de l’Antenne” est paru. En voici l’éditorial.
Le samedi 19 octobre, le service diocésain de la Pastorale de la santé a invité, pour la première fois, des soignants (médecins, infirmières, sage-femmes, mais aussi membres d’aumôneries d’hôpital …) pour une journée à l’occasion de la saint Luc[1]. Le titre de la journée : « Prendre soin de ceux qui prennent soin ». Donc, « Soigner, soignants » au sens de « prendre soin » des personnes et pas seulement de soins médicaux. Les organisatrices m’avaient sollicité pour une conférence sur le thème de la vulnérabilité, c’est-à-dire « la possibilité d’être blessé ou d’être exposé à la blessure[2] ». Rassurez-vous, je ne vais pas reproduire une heure de conférence …
Bien entendu, le mot vulnérable est ancien, mais la notion de vulnérabilité explose depuis les années 2000, dans presque tous les domaines. Il s’agit d’un changement dans la façon d’appréhender les effets sanitaires, sociaux, économiques, environnementaux, ainsi que dans les réponses individuelles, collectives, institutionnelles ou politiques proposées pour y remédier. Que l’on pense, par exemple, aux inondations récentes à Valence en Espagne …
Alors, nous avons évoqué les situations de vulnérabilité des personnes soignées. Chacun d’entre nous peut les imaginer, à tous les âges de la vie… Et nous avons aussi parlé de la vulnérabilité du soignant, c’est-à-dire sa capacité d’être touché, non seulement dans son émotion mais aussi dans sa capacité de relations. Nous nous sentons vulnérables, parce que nous sommes dépendants, nullement « blindés » ou insensibles. Les « aidants » que sont nombre d’entre nous le savent bien.
Mais la question centrale pour laquelle j’avais été sollicité m’a semblé être « Et Dieu là-dedans ? ». C’est un champ majeur de la théologie d’aujourd’hui qui change notre regard sur Dieu. Quelques éléments seulement[3] : « Pour vaincre définitivement le mal et le péché, le Fils de Dieu descend personnellement jusque dans les profondeurs du mal et du péché. Et ce chemin passe logiquement par l’acceptation libre non seulement de la condition humaine, mais encore celle de tous les handicaps, jusqu’à la plus radicale dépendance : l’ignominieuse mort sur la Croix (…) Et lorsque le Ressuscité apparaît, c’est avec les stigmates de la Passion sur les mains et sur son côté : la Résurrection du Christ n’abolit pas le fait qu’il assume la faiblesse humaine la plus radicale. La foi chrétienne confesse que le Christ est vraiment ressuscité, précisément avec cette « chair » marquée par la faiblesse. (…) Dieu, par son incarnation en Christ a ratifié la vulnérabilité et l’interdépendance relationnelle comme normatives : « Le pouvoir de Dieu est porté à son accomplissement et dans sa perfection dans la faiblesse. »
A la même période, échangeant avec l’équipe du Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile de St Ouen-la-Thène pour un article dans le Fil de l’Antenne, je posais la question : Que signifie Noël pour des migrants venant d’Afghanistan, du Pakistan, du Congo … ? Alors, elles ont enquêté … (voir page 10).
Et pour nous, du Pays de Matha, que signifie Noël ? Pour chacun(e) de nous, pour nos familles, pour nous ensemble, collectivement ? Et comment vivons-nous cela ?
Parmi les nombreuses réponses possibles (voir aussi page 6), je vous propose « A Noël, accueillir un Dieu vulnérable … »
A noter que nous allons continuer l’affichage des photos de crèches de Noël à la Chapelle de la Providence. Vous êtes invités à nous envoyer une photo de la vôtre et à venir voir celle des autres.
Guy Auburtin
Curé de la paroisse du Pays de Matha
[1] Parce qu’il était médecin, l’évangéliste saint Luc a été choisi dès le Moyen Age, comme le saint patron des médecins et, plus tard, par extension de tous les soignants.
[2] Le mot latin « vulnus » sur lequel est construit vulnérabilité signifie « blessure ».
[3] Parmi les nombreuses sources, cet extrait est issu d’un article de blog Dominique Greiner « Théologie et handicap (2/4) : La vulnérabilité, une condition commune https://doctrine-sociale.blogs.la-croix.com/theologie-et-handicap-24-la-vulnerabilite-une-condition-commune/