« Oser dire notre espérance » ou « La fraternité ne se décrète pas, elle se vit »

Editorial du numéro de novembre du journal paroissial Au Fil de l’Antenne.

Au moment (9 octobre) où je commence à rédiger cet éditorial, je « tombe » sur celui de janvier 2024 intitulé « Alors en 2024 : une année vers la fraternité ? » et je pourrais le ré-écrire presque en totalité. Un peu plus de la moitié de cet article est consacrée à ce que quelques-uns d’entre nous vivent avec les demandeurs d’asile de Beaulieu même si, j’en ai bien conscience, cela heurte une partie des paroissiens et lecteurs du Fil de l’Antenne. Ces rencontres, chaque semaine, restent une source de joie renouvelée et permettent de créer des liens. Elles me (nous) permettent surtout de vivre l’Evangile …

Le pape François a donné dimanche dernier le nom de 21 nouveaux cardinaux. Parmi eux, l’archevêque d’Alger Mgr Jean-Paul Vesco, lui qui se dit « le pasteur de cette église qui se veut un pont, qui se veut fraternité, qui se veut lien avec l’humanité tout entière… » ou encore « Français en Algérie, et responsable d’Église dans un pays musulman : ces deux éléments me placent sur ce que Pierre Claverie appelait une ligne de fracture ». Il nous parle de fraternité : « La fraternité ne se décrète pas, elle se vit » Il précise avoir « horreur de cette fraternité bien-pensante » selon laquelle les chrétiens devraient « aimer tout le monde » : pour lui, mieux vaut « partir de là où l’on est ».

Les vendanges sont bien avancées : « encore une petite semaine » me disait l’un … Un peu plus pour d’autres … Une année difficile avec la crise du cognac…

A quelques jours de la fête de la Toussaint, Yves Guiochet, dans l’article page suivante, nous rappelle que nous sommes tous invités à prendre « le chemin de la sainteté », en partant de l’exemple des athlètes des Jeux Olympiques et Paralympiques. Les jeux paralympiques sont le point de départ d’un groupe d’élèves de l’école de la Providence pour se familiariser ensemble à la notion de handicap et à ce qui est possible pour dépasser les handicaps.

 Le 2 novembre, nous faisons mémoire des défunts : plusieurs articles nous aident à « Se souvenir des belles choses » (pages 4 et 5).

En ce moment, l’Eglise est réunie en Synode à Rome (voir article page 7). Ce rassemblement peut nous paraitre éloigné de nos préoccupations et pourtant il a pour but de repenser la façon de « marcher ensemble » en Eglise et avec l’ensemble de l’humanité. Et cette question se pose à tous les niveaux, non seulement l’Eglise universelle mais aussi le niveau local. Dans une rencontre récente entre divers partenaires du diocèse nous avons identifié quelques éléments parmi lesquels « Vivre ensemble notre humanité avec nos diversités, nos différences (et ressemblances), en sortant de nos conforts et en changeant notre regard » … Ne serait-ce pas, d’une certaine façon, vivre la fraternité ?  

Chaque semaine, l’actualité nous met en contact avec guerres, violences, tensions diverses… Ce peut être loin de notre Pays de Matha, mais je sens bien que ces informations (et parfois désinformations) impactent nombre d’entre nous. Marcher ensemble en Eglise c’est aussi « Oser dire notre espérance », dans un monde qui en a tant besoin. C’est justement le thème du Jubilé 2025 « Pèlerins d’espérance ». Les jubilés ou années saintes sont une tradition proclamée par le pape Boniface VIII qui remonte à 1300 et a lieu tous les 25 ans. Le pape François nous invite : « Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante » (voir article page 6). Tout au long de l’année, des propositions nous seront faites au niveau de l’Eglise en Charente maritime.  

Comme titre j’hésite : « Oser dire notre espérance » ou « La fraternité ne se décrète pas, elle se vit ». Pourquoi pas les deux ?

Guy Auburtin

Curé de la paroisse du Pays de Matha