Editorial du journal paroissial “Au Fil de l’Antenne” – Avril 2021
Comment ne pas commencer par des nouvelles sur le front de l’épidémie ? Des personnes qui avaient dû attendre ont maintenant un rendez-vous pour se faire vacciner. D’autres ont reçu les 2 injections de vaccin. D’autres encore en sont presque à regretter de ne pas encore avoir 75 ans … Un espoir dans cette situation qui dure … Quelqu’un me rappelait récemment l’attente d’un père prisonnier entre 1940 et 1945, d’un fiancé dont on attendait le retour d’Algérie en 1960 … Et les anciens sont sensibles à la situation des jeunes et des étudiants …
Dans quelques jours, nous allons célébrer la fête de Pâques. Pour certains (et pas seulement des enfants), elle est associée aux cloches et aux œufs en chocolat. En réalité, pour les chrétiens, elle est le cœur de l’année, articulation des deux poumons du mystère pascal : passion et résurrection. Toute la semaine est une Semaine sainte et, pour les catholiques, la Vigile pascale en est un élément central.
Traditionnellement la vigile pascale se déroule le samedi soir (chez nous, habituellement, vers 21 h). Traditionnellement ? En fait, c’était le cas à l’origine de l’Eglise jusqu’au XIIème siècle et elle fut restaurée par le pape Pie XII en 1951(1) et elle est célébrée entre le coucher du soleil, le samedi soir, et le lever du soleil, le dimanche matin. C’est au cours de la vigile pascale que sont baptisés les adultes qui souhaitent s’engager à la suite de Jésus ressuscité.
L’année dernière (12 avril), nous étions en plein confinement et nous n’étions que 3 dans la chapelle de la Providence pour célébrer une messe retransmise en visio. Cette année, la situation est encore différente : pas de confinement mais un couvre-feu de 18 h à 6 h avec, jusqu’à présent, une situation très incertaine sur l’évolution, sans visibilité à moyen terme. Actuellement, il semble probable qu’à Pâques (4 avril) nous aurons, en Charente-Maritime, les mêmes contraintes. Alors, petit à petit, a germé l’idée de célébrer la vigile pascale (et le baptême de deux adultes) le dimanche matin à 6 h 30. Nous débuterons dans la nuit (la célébration commence par un feu auquel est allumé le « cierge pascal » : le feu devient lumière, symbole du Christ ressuscité) et nous terminerons « de grand matin ».
Ce changement d’heure n’est pas anodin. Il est le signe que tout au long de cette épidémie, dans la vie de l’Eglise comme dans la vie de tous les jours, pour chacun et chacune, nous cherchons et trouvons ensemble des adaptations pour garder l’essentiel de la vie malgré les contraintes. Mais il permet aussi de comprendre plus intimement et de vivre un aspect du récit de la résurrection dans l’évangile : « Le sabbat terminé Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil… » (Mc 16,1-7). A l’annonce de cet horaire, les réactions ont été diverses : se lever aussi tôt ? mais aussi un intérêt amusé et une question : « faut-il amener le café et les croissants ? » Et pourquoi pas … à condition de respecter les gestes barrières (c’est possible) … et pourquoi pas des œufs en chocolat ? Après tout Pâques, c’est la fête.
(1) Pour mieux connaitre l’histoire liturgique de la Vigile pascale : https://catechese.catholique.fr/outils/conference-contribution/310639-petite-histoire-liturgique-vigile-pascale/
Guy Auburtin, curé de la paroisse du Pays de Matha