À Toulouse, sur la paroisse de la Dalbade, vivaient trois amies très pieuses et amoureuses de Jésus hostie : Onésime Guibret, Léontine Bressolles et Marie Bart.
Le 31 mai 1857, assistant à la messe de la Pentecôte, Onesine Guibret, 29 ans, sentit tout à coup au moment de la communion, un feu dévorant qui gravait dans son cœur ces paroles : « Ecris un acte de consécration de tout l’être au culte du Très Saint Sacrement »
De retour chez elle, elle écrit son acte de consécration et invita ses deux amies à en faire autant.
Les 3 actes de consécration reposèrent 9 jours sur l’autel de Notre Dame du Mont-Carmel et le jour de la Fête Dieu, chacune reprit son acte de consécration et le reçut comme venant du ciel.
Le vicaire de leur paroisse toulousaine, l’abbé Izard approuve : « Tout me plaît, dit-il, dans cette association. Je demande à en faire partie » et il ajoute alors sa signature à celles des 3 jeunes filles.
La petite société du Saint Amour était fondée.
Les membres de cette association se proposent :
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de ne former qu’un cœur et une âme pour aimer et servir Jesus-Eucharistie
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de pratiquer l’humilité, le détachement des créatures
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le total abandon au bon plaisir divin
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et d’avoir pour but suprême « le pur amour ».
Une supplique fut adressée à Marie Eustelle, morte en odeur de sainteté.
La réponse arriva rapidement : la visite du cardinal Villecourt, de passage à Toulouse, bénit cette petite société et s’engage à veiller sur elle, ce qu’il fit jusqu’à sa mort.
La « petite société » confia à Marie Eustelle la charge de maîtresse des novices et par son intercession plusieurs âmes entrèrent effectivement dans cette œuvre de prière et d’adoration.
En 1860, l’abbé Izard juge nécessaire de donner à « la petite société » des bases, une règle et une supérieure. Mademoiselle Guibret est élue supérieure générale et prend le nom de « Mère Marie Eustelle ».
Le 16 février de la même année 1860 le père Izard décède à 30 ans et c’est le cardinal Villecourt qui accepte de les prendre sous sa protection. La « petite société » prend le nom de « petite société de Jésus hostie ».
Très rapidement des religieuses, bénédictines, carmélites… s’ associent à cette vie eucharistique. À leur suite un groupe sacerdotal se constitue dès 1862 : curés, archi-prêtres, chanoines et évêques demandent leur affiliation.
En 1882 la « petite société sacerdotale » compte 150 membres.
En 1867, 10 ans après la fondation, ce fut le premier essai de vie commune, à Toulouse, que l’on nomma le « Berceau ». Très vite furent organisées des conférences dans les villes.
En 1874, Pie lX reçoit à Rome Mère Guibret et 2 assistantes et approuve la constitution des sœurs vivant en communauté au « Berceau », elles s’appelleront désormais « Servantes de Jésus dans le Saint Sacrement ».
En 1881, Léon Xlll reconnaît la branche sacerdotale, la « société des Prêtres Serviteurs de Jésus dans le Saint Sacrement ».
Ainsi, à travers un quart de siècle, la « petite société » née en 1857 de la ferveur de trois jeunes filles et d’un abbé, aboutit en 1881 à deux instituts religieux reconnus officiellement par l’Église.
Le grain semé était devenu non pas un grand arbre, mais deux arbres jumeaux aux ramifications puissantes, nourris l’un et l’autre du suc eucharistique, qu’ils se félicitaient d’avoir puisé dans les exemples et les écrits de Marie-Eustelle Harpain, l’Ange de l’eucharistie.
Source : Vie et vertus de Marie-Eustelle Harpain – Chanoine L. Poivert