Le pape François a appelé à une Journée universelle de prière et de jeûne pour le Liban le 4 septembre 2020. Déjà fortement ébranlé par une crise financière, économique, politique et morale, le Liban a été endeuillé le 4 août par une double explosion à Beyrouth, sa capitale.
Il y a un mois, deux explosions dans le port de Beyrouth ont causé la mort d’au moins 190 personnes. Cette catastrophe a été le détonateur d’une lourde remise en question du système politique libanais et de la classe dirigeante. Lors de l’audience générale du 2 septembre 2020, le pape François a appelé à une Journée universelle de prière et de jeûne pour ce pays le 4 septembre, c’est-à-dire un mois jour pour jour après le drame.
Ce vendredi 2 septembre, le cardinal Pietro Parolin, le ‘bras droit’ du pape François, sera à Beyrouth pour représenter personnellement le pontife argentin. Pour le chef de l’Eglise catholique, le Liban ne doit pas être “abandonné dans sa solitude”. Ce sont précisément ces mots qu’avait prononcés son prédécesseur polonais, le pape Jean Paul II, en 1989, dans une lettre adressée aux évêques du monde entier.
Les Libanais, a ajouté le pape François lors de l’audience générale, ont toujours conservé leur foi en Dieu et démontré la capacité à faire de leur terre “un lieu de tolérance, de respect, de partage”. Plus qu’un simple Etat, le pays du Cèdre représente un “message de liberté, de pluralisme, pour l’Orient et l’Occident”. PAD
Appel du Pape François pour le Liban (2 septembre 2020)
Chers frères et sœurs,
un mois après la tragédie qui a frappé la ville de Beyrouth, ma pensée se tourne de nouveau vers le cher Liban et sa population particulièrement éprouvée. Et ce prêtre qui est ici a apporté le drapeau du Liban à cette Audience.
Comme l’a dit saint Jean-Paul II il y a trente ans, à un moment crucial de l’histoire de ce pays, moi aussi, je répète aujourd’hui : « Face aux drames répétés que connaît chacun des habitants de cette terre, nous prenons conscience du péril extrême qui menace l’existence même du pays : le Liban ne peut pas être abandonné à sa solitude » (Lettre apostolique à tous les Evêques de l’Eglise catholique sur la situation au Liban, 7 septembre 1989).
Le Liban a été un pays d’espérance pendant plus de cent ans. Même aux moments les plus sombres de son histoire, les Libanais ont conservé leur foi en Dieu et montré la capacité de faire de leur terre un lieu de tolérance, de respect et de cohabitation unique dans la région. L’affirmation est profondément vraie selon laquelle le Liban représente quelque chose de plus qu’un Etat. Le Liban « est un message de liberté et un exemple de pluralisme tant pour l’Orient que pour l’Occident » Pour le bien même du pays mais aussi du monde, nous ne pouvons pas permettre que ce patrimoine disparaisse.
J’encourage tous les Libanais à continuer à espérer et à retrouver les forces et les énergies nécessaires pour repartir. Je demande aux hommes politiques et aux responsables religieux de s’engager avec sincérité et transparence dans l’œuvre de reconstruction, renonçant aux intérêts de parti et visant le bien commun et l’avenir de la nation. Je renouvelle également l’invitation à la Communauté internationale à soutenir le pays pour l’aider à sortir de la grave crise, sans être impliqué dans les tensions régionales.
Je m’adresse en particulier aux habitants de Beyrouth, durement éprouvés par l’explosion : frères, reprenez courage ! Que la foi et la prière soient votre force ! N’abandonnez pas vos maisons et votre héritage. Ne perdez pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère.
Chers pasteurs, évêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs, continuez à accompagner vos fidèles. Et à vous, évêques et prêtres, je demande le zèle apostolique ; je vous demande la pauvreté, pas de luxe, la pauvreté avec votre pauvre peuple qui souffre. Donnez l’exemple de la pauvreté et de l’humilité. Aidez vos frères et votre peuple à se relever et à être les protagonistes d’une renaissance. Soyez tous des artisans de concorde et de renouveau au nom de l’intérêt commun, d’une vraie culture de la rencontre, du vivre ensemble dans la paix, de la fraternité. Un mot si cher à saint François : la fraternité. Que cette concorde soit un renouveau de l’intérêt commun. Sur ce fondement il sera possible d’assurer la continuité de la présence chrétienne et votre inestimable contribution au pays, au monde arabe et à toute la région, dans un esprit de fraternité entre toutes les traditions religieuses qui sont au Liban.
C’est pour cette raison que je désire inviter chacun à vivre une journée universelle de prière et de jeune pour le Liban, vendredi prochain, 4 septembre. J’ai l’intention d’envoyer ce jour-là mon représentant au Liban pour accompagner la population : le Secrétaire d’Etat ira en mon nom pour exprimer ma proximité et ma solidarité. Offrons notre prière pour tout le Liban et pour Beyrouth. Soyons proches aussi par l’engagement concret de la charité, et d’autres occasions semblables. J’invite aussi les frères et les sœurs des autres confessions et traditions religieuses à s’associer à cette initiative selon les formes qu’ils jugeront les plus opportunes, mais tous ensemble.
Et maintenant je vous demande de confier à Marie, Notre Dame de Harissa, nos angoisses et nos espérances. Qu’elle soutienne tous ceux qui pleurent leurs êtres chers et qu’elle donne courage à tous ceux qui ont perdu leur maison, et, avec elle, une partie de leur vie ! Qu’elle intercède auprès du Seigneur Jésus pour que la Terre des Cèdres refleurisse et qu’elle répande le parfum du vivre ensemble dans toute la région du Moyen Orient.
Et maintenant je vous invite tous, dans la mesure du possible, à vous mettre debout en silence et à prier en silence pour le Liban.