Homélie du 27 février: Appel décisif des catéchumènes

27 Fév 2022

Homélie Dimanche  27 février 2022 

Chers amis catéchumènes, frères et soeurs,

L’une des raisons de nous retrouver chaque dimanche est la joie de rencontrer des frères et sœurs avec lesquels nous partageons notre foi. Nous vivons dans une société dans laquelle croire en Dieu est un acte de foi personnel. Aussi, nous goûtons comme une joie la chance qui nous est donnée de nous retrouver dans la foi et de partager l’espérance qui nous habite. Pour relever les défis afin que notre vie ait du goût et du sens, nous avons besoin de la présence et du soutien de nos amis et frères dans la baptême. Nous avons besoin de la parole de Dieu qui ne nous donne pas une leçon de morale, mais une leçon de vie spiriuelle.

S’il y a incontestablement de la joie à être ensemble, ce serait de la naïveté d’ignorer qu’il y a entre nous des différences et que notre vie communautaire connaît des tensions et même des conflits. Cela ne date pas d’aujourd’hui ! Dans la première communauté chrétienne, il y a eu des difficultés, comme le montre l’exigence rapportée par l’évangile de Luc lu aujourd’hui qui nous parle de l’organisation des relations entre « frères » : « qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ! Et comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dangs ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton oeil. Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton oeil ; et alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l’oeil de ton frère ! » ( Luc 6,41-42). Cette Église transparente qui n’a rien à cacher vous présente le Christ, notre sauveur.

En effet, la recherche de Dieu nous pousse à examiner notre vie personnelle et le fonctionnement de notre communauté chrétienne. L’évangile de ce jour nous invite à ne pas accabler de reproches ou de leçons de morale nos frères et sœurs. L’interdit posé par Jésus est clair ; il concerne la communauté chrétienne : ne pas dénoncer, ne pas donner de leçons, et ainsi, ne pas exclure.  Cet interdit posé par Jésus est difficile à vivre parce que celui qui a une poutre dans l’oeil est aveugle et ne voit plus rien. C’est pourquoi les leçons de morale de quelqu’un qui a une poutre dans l’oeil sont celles d’un aveugle qui veut guider les autres aveugles, comme le dit aujourd’hui Jésus : «Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous dans un trou ? » (6,39).

La parole de Jésus nous demande donc de commencer par ce qu’on appelle « un travail sur soi » : enlever ce qui empêche de voir clair. Ce travail commence par une disponibilité intérieure : écarter ce qui fait écran et nous empêche de voir la réalité. La parole qui naît alors est une parole qui construit et ne détruit pas. De même, dans la prière personnelle, on passe beaucoup de temps à tenir à distance et à éliminer ce qui occupe l’esprit en vain et nous empêche d’entendre la parole de Dieu. Le chemin de catéchuménat et celui qui l’a précédé pour chacun d’entre vous vous a conduit à faire le tri entre le bon et le mauvais. Vous avez découvert l’amour véritable, vous avez rencontré Jésus qui est le chemin, la vérité et la vie.

La parole de Jésus ne concerne pas seulement la vie personnelle. Elle concerne aussi la communauté chrétienne comme telle. Qui parmi nous ne ressent douloureusement le fait que l’enseignement de l’Eglise ne soit pas reçu ? Vous le constatez au contact quotidien des collègues, des voisins et même dans vos familles. Oui, tout cela est douloureux et ne correspond pas à ce que Jésus nous demande.

Pour comprendre la valeur de ce que Jésus nous dit aujourd’hui, nous pouvons penser au chemin qui fut celui de notre accès à la foi et celui de son approfondissement. Nous avons été marqués par ceux qui nous ont formés, ceux qui nous ont conduits ici aujourd’hui. Les personnes qui nous ont le plus marqués quand nous avions besoin d’une parole de vérité sont de toutes conditions ; parmi elles,  celles qui ont souffert, qui ont mûri dans l’épreuve et appris à vivre la bonté qui n’accuse pas. Ainsi que le dit Jésus aujourd’hui : « Jamais un bon arbre ne donne de mauvais fruits ; jamais un mauvais arbre ne donne de bons fruits. On ne cueille pas des figues sur les épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur les ronces » (Luc 6, 43-44). Vous avez rencontré le Christ grâce à ces personnes !

La parole adressée à autrui par celui qui se prétend parfait est souvent blessante et donc inadaptée. Un buisson d’épines, un massif de ronces peuvent déchirer la peau, notre parole ne doit pas déchirer la délicatesse de l’âme qui s’ouvre à la lumière. Elle doit naître de la bonté du cœur. De cette bonté, Jésus nous dit aujourd’hui : « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur » (Luc 6,45). Le trésor de votre cœur, chers catéchumènes, c’est le Seigneur qui vous a été présenté par des amis, par une mère , par des grands -parents ou que vous avez rencontré dans le silence d’une Église.

Cette bonté que le Seigneur met dans votre cœur est souvent acquise au prix de la souffrance. Celui qui a souffert a appris à connaître ses limites. Il a enlevé ce qui l’empêchait de voir clair. Ce qu’il sait, il le dit avec humilité et sans la dureté que l’on voit sur le visage des inquisiteurs ou des donneurs de leçons. Celui qui a expérimenté la difficulté de la fidélité est capable de montrer la route. Il est devenu « un homme bon et noble », comme le dit maître Eckart.

Ceux qui nous aident à naître à la vie du Christ, à grandir et à mûrir, sont devenus par leur humilité une image de celui qui se donne à nous : Dieu en son humanité, Dieu fait homme en Jésus. N’est-ce pas pour cela qu’au milieu des images de cette page d’évangile, Jésus nous dit ce qui fait notre grandeur d’enfant de Dieu ? Il dit en effet que « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître ; mais celui qui est bien formé est comme son maître » (Luc 6,40). Les visages de bonté qui nous ont aidés et nous aident à grandir dans la vie ne sont-ils pas des manifestations et des présences du Seigneur dans notre vie ?

Oui, frères et soeurs, s’il y a de la joie à être ensemble dans la même célébration, c’est parce que l’esprit saint  agit en nous. Il fait de nous des êtres au cœur bon. Il nous fait à l’image de Dieu fait homme. Préparez-vous à l’accueillir, chers frères et soeurs catéchumènes, soyez des disciples et retenez bien que votre vie de disciple du Christ se nourrira de votre témoignage quotidien de missionnaire dans son Eglise. Comme l’écrit Saint Paul aux Corinthiens : « Prenez une part toujours plus active à l’oeuvre du Seigneur.. ».

Le baptême vous fait entrer dans l’Eglise, vous donne une famille spirituelle et vous confère une mission : partager votre joie d’être devenu chrétien, proclamer l’évangile. Il y a eu une vie avant votre baptême, il y aura désormais en vous, grâce aux sacrements de l’Eglise, grâce à la parole, l’homme nouveau qui aspire à être comme son maître !

Mgr Georges Colomb

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