Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 5e dimanche de Pâques

10 Mai 2020

Dimanche 10 mai 2020                                                                                              5e dimanche de Pâques

Act 6, 1-7 Ps : 32, 1-2, 4-5, 18-19; 1 P 2, 4-9; Jn 14, 1-12

La jeune communauté de Jérusalem est en proie aux dissensions. Les conversions se multiplient, les disciples viennent désormais d’horizons et de cultures divers. Profitant de la question de la juste assistance aux veuves, les douze, confiants dans l’inspiration de l’Esprit, posent les bases de l’organisation de la jeune Eglise. L’urgence, c’est l’annonce de l’Evangile ! Mais être assidu au service de la prière et de la parole ne doit pas être synonyme de l’abandon des plus pauvres. A chaque besoin correspond une vocation, puis une mission, dans ce Temple nouveau et éternel dont le peuple des baptisés est le corps et dont la tête est le Christ, “le Chemin, la Vérité et la Vie”, ce temple nouveau, c’est notre Eglise.

Une seule Eglise, de nombreux charismes répondant aux appels du temps présent

La diversité est un défi. Aujourd’hui comme hier, l’Eglise doit rester une, tout en se faisant accueillante à des cultures, des langues diverses, à des pratiques venues des confins de la terre, à de nouvelles urgences. C’est un  même Esprit – Saint qui nous rassemble et qui nous inspire, donnant à chaque époque les moyens renouvelés de l’Evangélisation. La crise sanitaire que nous traversons, qui sera suivie d’une crise économique et sociale comme nous n’en avons pas connue depuis la dépression des années 30 nous posera des défis nouveaux. La mission de l’Eglise ne change pas : annoncer l’évangile pour que le Christ soit connu. Comment l’annoncer au milieu de ces nouveaux bouleversements qui nous attendent et qui seront sources de récriminations comme ce fut le cas entre frères de langue grecque et de langue hébraïque ?

Le cardinal Tukson, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral précisait dans un récent entretien à Vatican News combien le pape François était attentif à discerner les nouvelles priorités : “Il s’agit de mettre en place des actions de soutien aux Églises locales pour sauver des vies, pour aider les plus pauvres….il s’agit aussi du changement [qu’il faut préparer]. Le Pape est convaincu que nous sommes dans une période de changement, et il réfléchit à ce qui se passera après l’urgence, aux conséquences économiques et sociales de la pandémie, à ce à quoi nous devrons faire face, et surtout à la manière dont l’Eglise pourra se proposer comme référence sûre dans un monde perdu face à un événement inattendu”. Il continuait en déclarant : “Le Pape nous a demandé du concret et de la créativité, une approche scientifique et de l’imagination, une pensée universelle et la capacité de comprendre les besoins locaux.” (Vatican News 15 avril 2020).

C’est bien à cela que nos Eglises particulières sont aussi invitées : faire face du mieux possible à l’urgence, tout en cultivant la créativité, l’imagination, la pensée universelle et la capacité de comprendre les besoins locaux.

C’est bien de cette capacité dont témoignent les douze en mettant en place les bases de ce qui sera le diaconat remis à l’honneur par le dernier concile!

C’est nous aujourd’hui qui sommes appelés à être “une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut”, non pas pour nous-mêmes, mais pour que soient, toujours et en tout lieu, annoncées “les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”, nous sommes un peuple sacerdotal pour la mission !

“Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi”

Le Christ ne nous abandonne pas ! Il a plu à Dieu de vouloir compter sur les hommes pour l’annonce du Royaume mais il  ne nous a pas laissé seuls face à cette tâche immense.

A la veille de sa Passion, c’est lui qui adresse des paroles de réconfort aux disciples ! “Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi”.

Nous aussi, nous sommes parfois bouleversés. Que va-t-il advenir de nous, de nos enfants, de nos petits-enfants ? Allons-nous perdre notre travail ? Allons-nous devoir quitter notre maison ? Quels bouleversements attendent notre pays, notre planète ? Personne ne peut répondre à toutes ces questions qui nous assaillent. Ce à quoi nous sommes invités c’est à la foi. Croire en Jésus Christ c’est croire en Dieu notre Père. “Celui qui m’a vu a vu le Père”, dit Jésus à Philippe. A Thomas il dit “« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu”. Les questions de Philippe et Thomas sont nos questions aujourd’hui. Jésus ne nous blâme pas de lui parler, de l’interroger. Il nous offre d’entrer dans un chemin de foi. Nous avons vu, dimanche dernier, qu’il était la porte qui conduit vers le Père. Aujourd’hui il nous révèle qu’il est le chemin, la vérité et la vie, il n’est pas un chemin, mais le seul chemin qui conduit vers le Père.  Croire en Jésus, c’est fonder toute notre vie sur la foi en sa présence agissante dans ce monde et dans notre vie. Croire en Jésus, c’est comprendre l’échange d’amour qu’il entretient avec le Père.  C’est dans cette vie intime que le Seigneur veut entraîner ses disciples. Cette vie intime qui révèle la vie relationnelle qui est Dieu lui-même ! Dieu est relation, communication. Dieu nous aime, il aime ce monde à la conversion duquel nous, disciples, devons travailler parce que le Seigneur “aime le bon droit et la justice”, comme nous le rappelle le psalmiste.

Notre foi en Dieu, il nous appartient de la nourrir, de la cultiver, de la soigner comme une fleur belle et odorante. Cette foi n’est pas un but, elle est un chemin à parcourir. L’Eglise, corps du Christ, nous offre toutes les nourritures nécessaires pour la route : la Parole et les sacrements, car notre foi est synonyme de vie. Elle nous ouvre à ce que nous pouvons trouver de plus beau sur terre, la vie divine, qui permet à Jésus de dire “je suis dans le Père et le Père est en moi !”, car cette foi est vérité. Contemplant Jésus, par la grâce du don de l’Esprit, c’est la Trinité sainte qui se donne à nous, pour nous-mêmes et pour le salut du monde. Nous pouvons affirmer avec Saint Augustin : «Et nous, quand le silence éloquent et harmonieux de la Vérité pénètre en nos esprits, pourquoi chercherions-nous une autre béatitude ?».

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

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