Homélie donnée par Mgr Colomb pour le 30ème dimanche du TO

29 Oct 2018

Messe d’envoi en mission de Constance et Henri de Craecker à Saint-Pierre et Miquelon

 
Chers frères et sœurs,
C’est une immense joie d’être rassemblés en ce dimanche pour l’envoi en mission à Saint- Pierre et Miquelon, de Constance et Henri de Craecker qui vont partir pour deux ans afin de servir dans quelques jours sur cette nouvelle terre qui, depuis le 1er mars, fait partie de notre diocèse.
Chers amis, vous empruntez le chemin de la mission sur lequel vous ferez de merveilleuses rencontres comme le Seigneur le fit sur la route de Jéricho, route qu’il emprunta en conduisant ses disciples pour célébrer la pâque à Jérusalem. Pâques qui nous libère pour toujours de tout esclavage.
Ces lectures sont pour vous comme un « carnet de route » pour votre mission. Jésus est passé en faisant le bien et en guérissant, en faisant revenir, en rassemblant des confins de la terre, comme l’écrit le prophète Jérémie. Il vous appartiendra de vivre votre mission en rassembleur de ceux qui sont différents par leur état civil, leur compte en banque, leurs opinions, leurs engagements…
Jésus sort de Jéricho ; une grande foule le suit, image de l’Église, corps qui reçoit sa vie du Christ, tête de l’Eglise en marche vers la Jérusalem d’en haut. Cette église, c’est la nôtre, elle prend la route des hommes et l’homme est la route de l’Eglise car le rédempteur de l’homme, le Christ, envoyé par le Père est venu pour le sauver. C’est pourquoi il emprunte le chemin des estropiés et dans l’évangile de ce jour, celui d’un aveugle. A la suite du Christ, rien de ce qui concerne l’homme ne peut être indifférent à l’Eglise !
L’aveugle resté sur le bord du chemin, en-dehors du cortège qui suit le Seigneur, nous fait penser à certains de nos contemporains. Nous pensons qu’ils ignorent Jésus parce qu’ils ne sont pas dans l’Eglise, mais le Christ est le chemin, la vérité et la vie et ils le pressentent. D’une certaine manière, ce sont des aveugles ! Ils ne se mettent pas en route, ils ne rejoignent pas la foule, l’Eglise, parce qu’ils ne connaissent pas le Seigneur, personne ne leur a parlé de lui, mais dans leur cœur ou tout fort, ils disent aux aussi : « Seigneur, prends pitié de moi ».
Le comportement de cette foule indifférente qui rabroue l’aveugle Bartimée est très instructif. Il nous montre que face au monde de l’incroyance, face au monde du handicap, notre première tentation est celle de l’indifférence. La foule ignore l’aveugle. C’est lui qui prend l’initiative d’appeler Jésus : « Fils de David, prends pitié de moi ». Et comme la foule veut le faire taire, il crie de nouveau !
« Un pauvre crie, le Seigneur entend », nous dit le psalmiste. Le Seigneur entend le cri de l’aveugle, il arrête la marche de la foule : ” Appelez-le “, dit Jésus qui offre à la foule une chance de se rattraper, de changer son indifférence en attention pour cet aveugle. Et cette foule se convertit en bon samaritain : “Confiance ! Lève-toi, il t’appelle “.
L’aveugle jette son manteau et bondit jusqu’à Jésus. Le Seigneur fait ce que ses disciples n’ont pas eu l’idée de faire, il lui donne la parole : “Que veux-tu que je fasse pour toi ? “. L’aveugle répond : “Rabbouni, que je recouvre la vue! “.
Quelle leçon pour nous tous ! Les disciples, qui se croyaient disposés à suivre le maître, expérimentent qu’ils sont de bien piètres témoins du Christ, mais cela n’a pas empêché l’aveugle de rejoindre Jésus et d’être sauvé, illuminé, et de suivre Jésus. Sachons donner la parole, appelons ceux qui sont sur le chemin…Leur vie s’en trouvera changée !
Nous pouvons tirer trois enseignements de cet évangile :
– comme nous le proclamons lors de chaque eucharistie, le mystère de la foi est grand. Dieu appelle à lui qui il veut, quand il le veut. Il n’attend pas notre zèle pour accomplir ses desseins bienfaisants. Lorsque le coeur du pécheur se retourne, lorsque s’ouvrent les yeux de l’aveugle, ce ne sont pas des raisons ou des mérites humains qui en sont la cause,
C’est la grâce de Dieu !
– le Seigneur, cependant, souhaite nous associer à son oeuvre de salut; ce n’est pas la moindre des missions de l’Église que d’attirer au Christ des hommes et des femmes qui, s’ils sont encore au bord du chemin, cherchent en réalité la lumière de la vérité. C’est une grande grâce qui nous est faite : devenir serviteur du Christ dans l’annonce de l’évangile, malgré les limites de notre témoignage personnel, voire malgré nos propres défaillances, bien que nous soyons remplis de faiblesse comme nous le rappelle la Lettre aux Hébreux en parlant du grand prêtre.
–  La foi que nous avons reçue fait de nous des membres de l’Église, des disciples dans l’Eglise, mais il ne faut pas compter sur le seul mouvement de la foule qui ignore celui qui est sur le bord du chemin ! La guérison de l’aveugle nous est salutaire : elle nous invite à nous souvenir de notre propre expérience de guérison, de notre propre mouvement en direction du Christ, car nul n’est venu au Seigneur sans avoir été guéri par lui.  Ne l’oublions pas, nous risquerions d’ignorer le cœur même de la vie chrétienne, je veux dire la grâce de Dieu active dans le cœur de l’homme. Saint Marc nous rapporte que, après avoir retrouvé la vue, l’aveugle suivit Jésus sur le chemin. Voilà  la juste attitude, la vraie façon de rendre grâce : s’attacher au Christ, source de vie en chacun d’entre nous.
Chère Constance, cher Henri, vous allez partir, sans vous préoccuper du microclimat local qui est plutôt froid, pour deux années au moins, en jeune couple, mariés depuis le mois d’août. Vous quittez votre famille, vos amis, votre travail. Vous renoncez à un salaire correct pour faire connaître le Christ, l’évangile, faire grandir l’Eglise à collaborant à la mission du Père Thébaut, curé et vicaire épiscopal de Saint-Pierre et Miquelon. Ce faisant, vous allez bâtir votre vie conjugale, votre vie de famille, sur le roc de la foi en Dieu, du don de soi. Lors de la liturgie d’envoi en mission, à la fin de cette célébration, j’invoquerai la bénédiction de Dieu sur vous afin que, par le témoignage de votre vie en couple, par votre prière, par votre apostolat auprès des 1200 collégiens et lycéens, auprès des adultes de cet archipel français qui va vous accueillir, vous fassiez grandir l’amour de Dieu, l’amour du prochain et notre Eglise. Comptez sur notre prière, sur celle des chrétiens du diocèse, sur celle des missionnaires qui annoncent l’évangile dans le monde entier en lien avec la Congrégation pour évangélisation des Peuples et leurs évêques.
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes

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