Homélie donnée par Mgr Colomb pour la Vigile pascale et notes pour l'homélie du dimanche de Pâques 2019

21 Avr 2019

Homélies données par Mgr Colomb pour la Vigile pascale, samedi 20 avril et du dimanche de Pâques 21 avril 2019

Homélie de la veillée pascale

Chers frères et sœurs,

Vous remarquerez le lien direct qui unit l’aspersion d’eau bénite à la confession de foi par laquelle, dans quelques minutes nous renouvellerons les promesses de notre baptême, nos cierges allumés à la main. Vous serez attentifs au fait que cette aspersion et cette confession, comme toute notre vigile, se déroulent en pleine nuit. L’eau, la nuit et la lumière : les trois signes les plus caractéristiques de cette sainte nuit de Pâques, avant qu’ils ne culminent dans la liturgie eucharistique ; les trois signes par excellence qui nous introduisent dans le mystère de la foi. Car l’eau dont nous avons été aspergés, avant d’être purificatrice, signifie d’abord notre ensevelissement nocturne avec le Christ dans les eaux du baptême, notre descente avec lui dans les eaux de la mort du vieil homme.

Cette immersion, c’est par la foi que nous la réalisons…(Laetitia, Paul-Albin, Nicolas), vous prenez votre vie au sérieux et vous aussi, Paul, Timothéé et Paul-Albin, qui allez être confirmés…Vous voulez réussir dans la vie comme tout un chacun, mais après avoir rencontré le Christ au cœur de votre vie, après qu’il vous ait relevé des ornières dans lesquelles vous marchiez, vous voulez, avec lui, en le suivant, réussir votre vie ! Votre foi au Christ est, elle-même, ensevelissement avec lui dans la nuit de sa mort passagère. En effet, par la foi, en croyant en lui, nous renonçons à l’autosuffisance, à l’individualisme, à la vie sans but, sans horizon, sans éternité.

Par la foi, nous acquérons une liberté éclairée par l’esprit saint reçu le jour de notre baptême, de notre confirmation. C’est cette liberté qui nous permet d’échapper aux dérives et à l’auto – suffisance individualiste pour devenir des personnes qui ont conscience d’avoir été créées à l’image de Dieu et sont appelées par lui à une vie plus belle, en communion avec lui. Une vie plus belle, c’est une vie donnée à l’exemple de notre Seigneur, c’est une vie où l’amour, le pardon, la recherche du bien commun ont la première place. Nous nous abandonnons à son mystère pascal. Et nos cierges dressés au cœur de la nuit deviennent le signe de la victoire de la lumière de notre nouvelle vie de Baptisé que nous recevons de lui, et de lui seul, lumière qui, seule, peut déchirer la nuit de notre vieille humanité, blessée et promise à la mort. L’évangile selon S. Luc qui nous rapporte la visite des saintes femmes au tombeau, au matin de Pâques, nous montre qu’elles sont saisies d’effroi. Il fait jour, mais elles ne voient rien, ne comprennent rien. Elles voient un tombeau vide !

Nous aussi, nous pourrions nous contenter d’observer le vide de ce monde ! La foi nous permet de regarder la vie autrement en accueillant le Seigneur dans nos cœurs. Le tombeau est vide parce que le Seigneur n’a pas besoin des aromates préparés pour un mort selon la tradition juive, il a besoin de l’offrande de nos vies, de notre cœur, il a besoin que nous le cherchions, que nous le trouvions, que nous le suivions. C’est la grâce de Pâques que nous fêtons au cours de cette nuit. Nous ne sommes pas abandonnés, le Seigneur est ressuscité et nous vivons de sa présence, nous sommes en communion avec lui.

L’invitation qui nous est adressée au terme de ce carême, de cette semaine sainte est la suivante : dans ce monde où le vide est comblé par la consommation, le zapping, l’activisme, vous mes disciples, soyez les témoins de mon amour ; toi mon Eglise, apporte au monde le message de la bonne nouvelle : Christ est ressuscité ! Le Christ est ressuscité, notre Dieu n’est pas contenu dans un livre, notre religion n’est pas un code moral. L’évangile est une bonne nouvelle parce que la vie divine rejoint l’homme, parce que ce dernier a la liberté de choisir entre deux voies : rester replié sur soi, ses petites ambitions, ses petits calculs, ses revendications, ses jalousies ou bien suivre le Christ sur le chemin exigeant, mais rempli de signification pour notre vie personnelle, pour les grandes décisions de la vie quotidienne, pour le vrai bonheur qui ne s’achète pas comme un produit à consommer, mais que l’on trouve en suivant le Christ.

Chers frères et sœurs, nous avons tous été choqués par l’incendie qui a ravagé Notre Dame de Paris. Quel est le message qui nous est adressé ? N’est-ce pas celui-ci : Français, peuple descendant des bâtisseurs de Cathédrales, vous reconstruirez Notre Dame de Paris, mais vous devez aussi continuer, avec toujours plus de zèle, à bâtir mon Eglise, communauté de pierres vivantes, pour annoncer au monde que je suis vivant, que l’Eglise est mon corps mystique. Mes cathédrales sont des lieux de prière, ce ne sont pas des musées ! Vous êtes baptisés pour annoncer l’évangile par votre vie quotidienne. Vos enfants, vos petits-enfants en ont besoin.

Bonne route, chers amis, suivez la Lumière de Pâques, vous rencontrerez des gens heureux et vous leur ressemblerez !  Bonnes et Saintes fêtes de Pâques !

+ Georges Colomb

Évêque de La Rochelle et Saintes

Notes pour l’homélie du dimanche de Pâques 2019 :

1°  Psaume 117 « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle », le psaume 117 est devenu l’exultation par excellence. Le Christ est cette pierre méprisée, rejetée par les bâtisseurs : il est devenu la pierre d’angle, la pierre de fondation de l’humanité nouvelle. Désormais, l’humanité libérée de la mort peut chanter avec lui : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur ».

Actes 10 Le discours de Pierre à Césarée : « Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’esprit saint et l’a rempli de force ». C’est Dieu qui agit ! Jésus de Nazareth était un homme apparemment semblable à tous les autres, mortel, comme tous les autres… ». Dieu l’a ressuscité, il lui a donné de se montrer aux témoins qu’il avait choisis d’avance, Dieu l’a choisi comme juge des vivants et des morts .. ». Désormais, Pierre vient de le comprendre, tout homme, juif ou païen, peut grâce à Jésus-Christ être, lui aussi, consacré par l’esprit saint et rempli de sa force !

2°  1Corinthiens : pour Paul, c’est évident, l’ancienne fête des Azymes n’a pas perdu sa signification ; au contraire, elle trouve son sens plénier : la Pâque des chrétiens est bien la fête de la libération, mais désormais, la libération est définitive. Par sa mort et sa résurrection, Jésus-Christ a triomphé des pires chaînes, celle de la mort et de la haine. Et cette libération est contagieuse ; comme dit Paul, «un peu de levain suffit pour que toute la pâte fermente. ». L’esprit qui poursuit son œuvre dans le monde fera irrésistiblement lever comme une pâte l’humanité tout entière….

3°  Evangile St-Jean 20 : soyons clair, nous ne trouvons, nulle part dans l’écriture, une phrase pour dire que le messie ressuscitera. Au bord du tombeau vide, Pierre et Jean ne viennent donc pas d’avoir une illumination comme si une phrase précise, mais oubliée, de l’Ecriture revenait à leur mémoire ; mais, tout d’un coup, c’est l’ensemble du plan de Dieu qui leur est apparu ; comme dit Saint – Luc à propos des disciples d’Emmaüs, leurs esprits se sont ouverts à « l’intelligence des Ecritures ».

A notre tour, nous n’aurons jamais d’autre preuve de la Résurrection du Christ que ce tombeau vide… Dans les jours qui suivent, il y a eu les apparitions du Ressuscité. Mais aucune de ces preuves n’est vraiment contraignante… Notre foi devra toujours se donner sans autre preuve que le témoignage des communautés chrétiennes qui l’ont maintenue jusqu’à nous. Mais si nous n’avons pas de preuves, nous pouvons vérifier les effets de la Résurrection : la transformation profonde des êtres et des communautés qui se laissent habiter par l’Esprit, comme dit Paul, est la plus belle preuve que Jésus est bien vivant ! 

Mais comment entrer dans cette vie nouvelle ? Avec Marie-Madeleine, venons chaque premier jour de la semaine, trouver les disciples : la communauté église ; célébrons ensemble le mémorial vivant et vivifiant du Ressuscité : l’eucharistie ; faisons des 52 dimanches de l’année une unique Pâque déchirant la prison du temps et goûtant déjà l’éternité. Avec Simon Pierre contemplons avec humilité les signes qui nous sont donnés : l’eau et le chrême du baptême, le pain et le vin de l’autel. Qu’illuminés par les divines paroles de l’écriture nous y discernions la présence et l’action du Ressuscité et de son esprit. Avec le disciple qu’il aimait, laissons nous saisir totalement par la grâce de notre baptême où nous renaissons homme nouveau. Que dimanche après dimanche, Pâques après Pâques, nous soyons toujours plus transformés en Lui jusqu’au jour où Lui étant devenu semblable, nous le verrons tel qu’Il est.(cf. I Jn,3,2).

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