Homélie donnée à Lourdes par Mgr Colomb mardi 30 juillet 2019

30 Juil 2019

Homélie donnée à Lourdes par Mgr Colomb dans le cadre du pèlerinage diocésain le mardi 30 juillet 2019

Messe votive de sainte Bernadette Soubirous

Nous avons aujourd’hui la très grande grâce de pouvoir élever nos chants vers Dieu en ce lieu béni où autrefois, le ciel daigna s’incliner vers la terre. La messe que nous célébrons en l’honneur de sainte Bernadette est pour moi l’occasion de rapprocher les deux femmes qui sont honorées en ce lieu, Notre-Dame et la petite bergère de Lourdes.

  1. Le premier trait commun à ces deux visages mis en relief par l’introït de la messe, c’est l’humilité profonde qui les animait. L’Eglise chante à vêpres, au cours du Magnificat, que le Très-Haut a regardé l’humilité de sa servante et que, depuis, des générations l’ont dite bienheureuse. De même, les textes de la messe nous proposent de faire mémoire de sainte Bernadette en contemplant son humilité : « Parmi les humbles, Seigneur, que tu aimes et que tu glorifies, tu as choisi sainte Bernadette ». L’humilité est le ressort de toute ascension spirituelle. Si nous voulons que l’édifice de notre vie s’élève dans les hauteurs, nous devons commencer par lui offrir des fondements profonds et solides : ces fondements, c’est l’humilité qui les fixe. Elle est la vertu de l’effacement devant Dieu. « Que n’as-tu que tu n’aies reçu, s’interroge saint Paul ? et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Mettons-nous à l’école de Marie et de sainte Bernadette : si nous voulons toucher le Cœur de Dieu, nous devons considérer que tout dans notre vie est un don gratuit de son amour et de sa grâce. Sans lui, nous ne pouvons rien faire. Voilà pourquoi, nous avons à cœur de répéter avec le psalmiste, dans le silence du cœur à cœur avec Jésus : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent ».
  2. « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu ». Le motif profond de l’humilité chrétienne n’est pas un mépris aveugle des dons ou des capacités naturelles dont Dieu a orné notre nature. Elle consiste au contraire dans un regard de vérité sur notre condition pécheresse et le grand besoin que nous avons d’expérimenter la miséricorde du Très-Haut. Au cours des quelques jours que nous passerons dans les sanctuaires, plusieurs pratiques pénitentielles nous seront proposées : la confession, le chemin de croix, le passage aux piscines… Laissons-nous régénérer par Dieu et acceptons d’exposer à son regard si doux et si compatissant les cicatrices de notre histoire personnelle afin qu’il les apaise, les panse et nous conduise à une parfaite rémission. L’incroyable puissance missionnaire contenue dans l’humble vierge de Nazareth et la petite bergère de Lourdes provient de leur pauvreté d’esprit. « Heureux les pauvres en esprit, le royaume des cieux est à eux ». L’esprit de tout pèlerinage est de nous dépouiller des chimères et du superflu de la vie présente pour nous aider à retrouver le sens de l’essentiel. Jouons le jeu de ce renoncement et acceptons de faire le vide en notre âme pour que Dieu vienne nous combler de ses grâces et de ses bénédictions.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Notre-Dame et sainte Bernadette nous ont enfin laissé l’exemple d’une vie toute ensevelie en Jésus-Christ. Pour la sainte Vierge, ce fut à la faveur d’une double maternité – divine et humaine – qu’elle accepta, dans le silence et le recueillement, de participer au sacrifice de son Fils et de recevoir dans son Cœur immaculé les traits de la passion. Sainte Bernadette, suite aux apparitions eut quant à elle un autre chemin de mort à elle-même : ce fut la vie religieuse. Nous savons que, chez les sœurs de la charité de Nevers où elle fit profession, elle eut à subir de nombreuses épreuves : la maladie, les humiliations, les contradictions. Ce fut ainsi qu’elle apprit à se renoncer complètement et à mourir aux flatteries et aux offres de la vie présente. Dans nos chemins de conversion, Dieu nous demande également de prendre au sérieux ses exhortations et d’apprendre à faire mourir en nous ce qui résiste encore à l’œuvre de sa grâce. Nous ne pourrons revenir de ce pèlerinage comme avant, avec les mêmes travers et le même attachement au monde et au péché. Laissons-nous transfigurer par cette lumière venue du ciel et demandons à Jésus-Christ la grâce de nous laisser surprendre par ses avances et ensevelir en son amour. Alors, sous la conduite de Marie, Mère du Christ et Mère des hommes, nous pourrons travailler utilement au salut du monde et à notre sanctification personnelle.

+ Georges Colomb

Evêque de La Rochelle

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