Quatrième dimanche du temps ordinaire
Dt 18,15-20. Psaume 94. 1Co 7,32-35. Marc 1,21-28
Chers amis,
En ce quatrième dimanche du temps ordinaire, le livre du Deutéronome, la lettre de St Paul aux Corinthiens, le psaume 94 que nous chantons tous les matins avant l’office, ainsi que l’Evangile de Saint Marc nous interrogent. Est-ce que nous sommes des prophètes pour aujourd’hui ? Est-ce que nous avons le souci des affaires du Seigneur ? Est-ce que nous sommes toujours frappés par son enseignement ? Quel témoignage donnons-nous ? Quel enseignement transmettons-nous ?
1) Des prophètes qui écoutent la Parole de Dieu
La première lecture nous montre la promesse qui est rapportée par Moïse, elle insiste sur quatre points, elle nous dit ce qu’est un prophète ! C’est un homme choisi par Dieu et par nul autre qui est issu du peuple de Dieu et doit transmettre fidèlement la parole de Dieu et nulle autre. Il est vital pour le peuple de l’écouter.
Le psaume 94 reprendra cette invitation à l’écoute : « aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
On peut être surpris par l’insistance du Deutéronome, sur les exigences d’une véritable prophétie. Il faut croire qu’à l’époque, le problème était sans doute aigu. On peut se demander s’il ne l’est pas autant aujourd’hui. Il suffit de lire la première lettre de Pierre, l’écrit le plus tardif du nouveau testament : « Nous avons la parole des prophètes qui est la solidité même sur laquelle vous avez raison de fixer votre regard comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur ».
Oui, ce n’est pas la volonté humaine qui a produit une prophétie mais c’est bien, portés par l’Esprit Saint, que des hommes ont parlé de la part de Dieu. Il nous appartient aujourd’hui, chers amis, avec modestie, d’être ces prophètes du temps présent, c’est-à-dire de nous nourrir de cette parole et de l’écouter. Nous pouvons prendre pour nous ce reproche du psaume 94 : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
Il est vrai que le peuple hébreu, dans sa traversée du désert, a douté, qu’il n’a pas cru, qu’i a perdu confiance et, en ce sens-là, il peut nous rejoindre parfois dans certains de nos comportements. La question de la confiance pour Israël était posée à chaque difficulté de la vie au désert. Le peuple se demandait si le Seigneur était vraiment au milieu de lui.
2) Être attaché au Seigneur !
Pour certains d’entre nous, cette question se pose chaque fois que nous ne trouvons pas de réponse à nos interrogations. Accepter de ne pas tout savoir, accepter de ne pas tout comprendre, accepter que les voies du Seigneur nous soient impénétrables, exigent parfois de nous une confiance qui ressemble à un chèque en blanc.
Il ne nous reste plus qu’à dire comme Pierre à Césarée : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Pour cela, il faut, lorsqu’on a rencontré le Seigneur, pour reprendre l’expression de St Paul dans la lettre aux Corinthiens, « être attaché au Seigneur sans partage et avoir le souci de ses affaires ».
St Paul examine les différents états de vie mais, le seul objectif de l’Evangile, c’est de nous faire connaître le Christ. A chacun de choisir l’état de vie qui lui permet d’être le plus disponible selon l’appel qu’il entend. La seule chose qui compte, c’est que nous soyons attachés au Seigneur sans partage. Cette perspective doit occuper notre esprit. « J’aimerais vous voir libre de tout souci », dit Saint Paul et il faut croire que c’est très important pour lui parce que ce mot « soucis» revient cinq fois dans ce court passage que nous venons d’écouter. On entend, bien sûr ici en écho, la lettre aux Philippiens : « le Seigneur est proche, n’entretenez aucun souci mais en toute occasion par la prière, faites connaître vos demandes à Dieu et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ ».
Oui, chers frères et sœurs, nous sommes invités à être proches du Seigneur, à ne pas être séparés de lui, à ne pas être détachés de lui.
3) Invités à la confiance en Jésus Christ qui a vaincu le mal !
Si nous reprenons l’ensemble de cet Evangile, non seulement du point de vue des lecteurs de l’époque mais de ceux d’aujourd’hui, quand Marc écrit son Evangile, bien des années après la résurrection de Jésus, il propose à ses lecteurs, qui sont des chrétiens, une contemplation qui doit les encourager à tenir bon dans la foi. Un peu comme si Marc disait : les quatre disciples qui accompagnaient Jésus dès le début de ses enseignements et de ses œuvres, eh bien, c’est vous , c’est l’Eglise naissante, c’est nous aujourd’hui auquel il appartient désormais d’annoncer la Bonne Nouvelle à toute l’humanité.
Cette invitation à la confiance s’adresse à nous parce que la confiance est placée en celui dont la parole efficace a déjà vaincu les forces du mal comme dans l’Evangile de ce jour et le mal agite l’humanité aujourd’hui encore. Nous le voyons bien avec cette peur qui s’empare de l’humanité face à la pandémie. Nous le voyons bien dans cette église qui a été profanée. Oui, le mal est présent. Mais ses cris et même son agitation sont les convulsions de la fin. Le mal est vaincu depuis la résurrection du Christ.
Chers frères et sœurs, la vérité du Christ, son autorité, nous en sommes les dépositaires, c’est le plus beau cadeau que nous puissions recevoir de Dieu : être les dépositaires de cette vérité. Nous mesurons quelle dignité nous est conférée par notre baptême. Avec lui, chacun à notre tour, nous musellerons les forces du mal. Les contemporains de Jésus à la synagogue de Capharnaüm s’étonnaient de l’autorité avec laquelle il parlait et ils étaient même un peu apeurés : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau proclamé avec autorité. Il commande même aux esprits mauvais et ils lui obéissent ».
Pour nous aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin, il s’agit de croire en celui qui, seul, peut libérer l’humanité de toutes les forces du mal. Demandons au Seigneur de nous garder dans l’humilité et de nous garder ses serviteurs du bien, c’est-à-dire de lui-même.
Amen