Homélie du 25 mars 2020 – Annonciation du Seigneur
Isaïe 7,10-14 ;8,10 // Psaume 39 // Hébreux 10, 4-10 // St-Luc 1, 26-38
Je suis la servante du Seigneur
Cette réponse de Marie à l’annonce de l’ange est le fruit de la grâce en elle, comme le rappelle la salutation de l’ange « je te salue, comblée de grâce ». La grâce de Dieu sur cette jeune fille d’Israël l’a préparée à accueillir, dans son sein, le projet de Dieu pour l’humanité.
Dieu a voulu prendre en charge l’amour humain, il a voulu lui donner une dimension divine, il a souhaité être avec nous. C’est la vocation du Fils, annoncé par le livre d’Isaïe «On l’appellera Emmanuel».
Marie, jeune fille sage et sensée, fait part à l’ange de sa crainte puisqu’elle ne connaît pas d’homme et la réponse de l’ange concourt au Oui de Marie. Puisque sa cousine Elisabeth a conçu un fils dans sa vieillesse, pourquoi Marie n’en ferait-elle pas autant ?
Alors, Marie s’abandonne à la volonté de Dieu, ce n’est plus une jeune fille vierge de Nazareth, accordée en mariage à Joseph, c’est la servante du Seigneur ! L’intervention divine dans la vie de Marie, la visite de l’ange, qui bouleversent l’ordre religieux traditionnel, s’accompagnent d’une mission pour Marie. Cette mission, c’est une nouveauté radicale que la Lettre aux Hébreux nous rappelle « en entrant dans le monde, le Christ a dit « tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m’as fait un corps ».
Il n’est plus question de sacrifices d’animaux, il s’agit uniquement d’accepter la volonté de Dieu « me voici, je suis venu pour faire ta volonté », dit le Christ. Le oui de Jésus à la volonté du Père reprend en écho le oui de Marie que l’ange a entendu. La servante et le Fils de Dieu vont aimer cette humanité d’un amour infini. La mission de servante du Seigneur va associer la jeune fille d’Israël à la mission de salut voulu par Dieu pour les hommes. Marie est co-rédemptrice par sa maternité, par la naissance de son fils, elle nous fait accéder au monde nouveau dans le registre de la rédemption.
Sainte Vierge Marie, libère nous des préjugés, des peurs, des superstitions, que des vieux mondes disparates véhiculent. Fais nous entrer dans le monde de la vraie vie que tu as donnée au Fils de Dieu, pour toute l’humanité. Le corps du Christ dont parle la Lettre aux Hébreux, c’est l’Eglise ; donne, Seigneur, aux membres de ce corps que sont tous les baptisés, de faire ta volonté, d’être, en ce jour de fête d’une annonciation joyeuse, des serviteurs du Seigneur, des porteurs d’espérance pour le monde en germination.
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes