Dimanche de Gaudete : homélie de Mgr Colomb

14 Déc 2020

Dimanche 13 décembre    3ème dimanche de l’Avent

1lect. : Is 61, 1-2a.10-11     Cantique : Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54.   2lect. : 1 Th 5, 16-24 Evangile : Jn 1, 6-8.19-2

Dimanche de Gaudete : Soyez dans la joie du Seigneur, soyez dans la joie, le Seigneur est proche. Réjouissons-nous car la joie est le fruit de l’esprit, du respect et du service de la vérité, d’un bon discernement pour les choix de la  vie quotidienne.

Aujourd’hui, 3ème dimanche de l’Avent, c’est le dimanche de la joie, celui où l’Eglise anticipe l’accomplissement de la promesse qui va se manifester à Noël. Le Seigneur est proche, il est venu, il reviendra et il est présent chaque jour de notre vie.

C’est précisément de cette joie dont nous parle Isaïe. Il s’adresse à un peuple touché par la pauvreté, et l’injustice.  Isaïe est envoyé par le Seigneur pour annoncer la délivrance à des gens humbles, prisonniers, malheureux. C’est le Seigneur qui apporte la libération, la justice et le réconfort. Lui seul peut nous vêtir des “vêtements du salut” et nous couvrir “du manteau de justice”. Il est celui qui vient apporter la délivrance qui est un don. C’est la bonne nouvelle qui fait tressaillir de joie.

Le cantique de Marie est aussi tout entier placé sous le signe de la joie et de la reconnaissance. C’est avec les mots de ses aînés dans la foi que Marie loue Dieu. Elle reconnaît en Lui le Tout puissant, le miséricordieux, celui qui, tout au long de l’histoire a honoré l’Alliance avec son peuple. Jésus portera le nom qui résume tous les attributs de Dieu son Père “le Seigneur sauve”.

Nous pouvons faire nôtre chaque jour, le Cantique de Marie car Dieu est celui “qui est, qui était et qui vient”. Il est dans l’aujourd’hui de nos vies. Il œuvre dans ce monde et travaille le cœur des hommes assoiffés de sens, de justice et de paix.

C’est encore la joie qui est au cœur de la vie de Paul malgré les tribulations : “Frères, soyez toujours dans la joie”. Comme les Thessaloniciens, les chrétiens d’aujourd’hui doivent tourner leur regard vers l’horizon. Notre boussole, c’est l’avènement du Royaume de Dieu.  Tout ce qui est signe de ce Royaume dans notre monde, et les signes existent, doit aimanter notre regard. Ce n’est pas l’ivraie qui est importante, Dieu s’en occupera, c’est le bon grain qui pousse. Le chrétien n’est pas un optimiste béat et un peu niais. Il voit le mal, il connaît la souffrance.

Mais fortifié par la fréquentation de l’Ecriture et la prière, il croit que le Royaume vient. L’Esprit lui enseigne que notre Dieu est fidèle et qu’il n’abandonne pas les hommes. “Tout cela, il le fera”, le Royaume vient. C’est à nous de le rendre par avance visible dans nos familles, nos villes et nos villages, dans nos paroisses….”Le Royaume de Dieu grandit si nous sommes dociles à l’Esprit Saint”, déclarait le Pape François lors d’une messe. “Qu’est-ce que le Royaume ?” demandait le pape,  “Ce n’est pas comme on pourrait l’imaginer une structure bien faite, bien en ordre, un organigramme parfaitement organisé…

.Ce Royaume n’est jamais fini, il se fait tous les jours”. Chers frères et sœurs, nous en sommes les artisans si nous sommes dociles à l’Esprit Saint et savons discerner la valeur des choses, autrement dit si nous nous engageons intelligemment et de manière juste au service du Christ et de son Église. La pandémie et le confinement que nous vivons depuis des mois sont aussi l’occasion d’exprimer la joie fondée sur l’espérance qui nous habite et nous invite à  relever les défis du temps présent.

Dans l’action, c’est demain que nous préparons dans la joie. Les illuminations de Noël, les repas partagés, les voisins visités, les pauvres secourus…tout cela doit se prolonger toute l’année. Noël, ce n’est pas seulement un moment dans nos vies, c’est le premier signe du Royaume qui vient. Regardez autour de vous, chers frères et sœurs, vous découvrirez de nombreux motifs de joie…La joie est le baromètre de notre foi, de notre vie dans l’esprit

L’esprit fait de nous des hommes libres à la suite de Jean-Baptiste si nous annonçons le Christ.

Des hommes se sont mis en route tout au long de l’histoire pour œuvrer, chacun à sa place et avec ses charismes propres, souvent dans le doute et la nuit,  à l’avènement du Royaume : “Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière afin que tous croient par lui. Jean le Baptiste est pour nous un modèle.

Il vivait dans un monde troublé politiquement et religieusement. Des courants s’affrontaient violemment. Des visions de Dieu et de l’avenir s’opposaient. Il fut assailli par le doute sur l’identité de celui qui était pourtant son cousin et en qui il avait reconnu l’agneau de Dieu. Du fond de sa prison il envoya ses disciples demander à Jésus : “Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11,3).

“L’Église a quelque chose de Saint Jean”, disait le pape François à l’occasion d’une méditation. Pour le saint-père, Jean est “voix, il n’est pas parole”. Il est “lumière, mais pas la sienne”. Il est tout entier donné à sa mission, celle du dernier des prophètes, l’homme fidèle guidé par l’Esprit qui dira “Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël” (Jn 1, 31). De qui sommes-nous la voix, la lumière ?

Ce qui importait à Jean-Baptiste, c’est l’accomplissement des promesses du Salut.  Quel visage aurait l’envoyé du Père pour cet accomplissement ? Jean ne le savait pas. Il attendait sans doute un justicier au glaive tranchant qui séparerait les bons des méchants. Qu’a-t-il pensé de Jésus quand il a su qu’il pardonnait aux pécheurs et partageait sa table avec les publicains ? Quelle conversion intérieure a-t-il vécu du fond de sa prison ?

Quel visage de Dieu reconnaissons-nous dans l’enfant de la crèche ? A quelles conversions sommes-nous invités en ce temps de l’Avent ? Nous projetons sur Dieu tant de choses ! La tentation est grande de le façonner à notre image au lieu de nous laisser façonner, dans la foi et la confiance, quitte à vivre de vrais déchirements car abandonner ses idoles n’est jamais facile…

Notre monde est marqué par l’individualisme et le narcissisme.  C’est le monde des “selfies” et de la mise en scène de soi-même.  Le modèle de vie proposé par Jean le Baptiste est tout à l’opposé. Il est acceptation de notre petitesse, acceptation de la nécessité de la conversion du regard, acceptation du sacrifice de nos vies au service de la mission et au service des frères.  Aux disciples de Jean qui demandaient “Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11,3), Jésus ne répondra pas  “mais oui bien sûr c’est moi!”  C’eut été tellement plus simple pour nous mais finalement très abstrait. Il dira simplement : “Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle” (Mt 11, 5). Voilà ce qu’il faut répondre à ceux qui nous interrogent sur le Seigneur Jésus… La réponse est dans notre vie quotidienne !

Voilà encore une invitation du Pape François lors d’une audience générale : “Ne faisons pas de la foi une théorie abstraite où les doutes se multiplient. Faisons plutôt de la foi notre vie. Cherchons à la pratiquer au service de nos frères. Alors tant de doutes s’évanouiront, car nous sentirons la présence de Dieu et la vérité de l’Évangile dans l’amour qui, sans notre mérite, demeure en nous et que nous partageons avec les autres”. C’est un chemin souvent rude qui est proposé aux chrétiens, mais c’est un chemin de joie, fruit du travail bien fait, de l’effort, du sacrifice. Dieu aime les hommes et il vient demeurer au milieu d’eux.  Préparons-nous  à l’accueillir.

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