Peuple en marche, peuple appelé à la sainteté, l’Eglise ne trouve son sens et sa raison d’être que par le Christ. Homélie de Mgr Georges Colomb pour la consécration de l’autel de Randol, 22 août 2021.
Quittant ce monde pour rejoindre le Père, Jésus ne nous a pas laissé orphelins. Il nous a donné tout ce qui nous est nécessaire pour nourrir le lien vital qui nous unit à Lui et au Père. Il nous a donné les sacrements, tous les sacrements mais éminemment l’Eucharistie dans laquelle en vérité Il se donne, corps et sang livré pour nous. Il se donne sur l’autel vers lequel convergent nos regards et où s’accomplit le mystère de notre rédemption.
Je suis la vigne, et vous les sarments
Au cœur de notre foi il y cette certitude : Dieu a tant aimé les hommes, non pas les hommes comme une masse indifférenciée, mais chaque homme, chacun de nous de manière toute particulière, qu’il a accepté le don que Jésus a fait de sa vie. C’est ici, sur l’espace sacré de l’autel, que s’actualise pour nous ce don que le Christ fait de lui-même à son Eglise et à chacun de nous.
Jésus nous demande de “demeurer en Lui” la vraie vigne comme Lui-même demeure en nous et comme il demeure dans le Père. C’est dans ce lien d’amour entre le Père, le Fils, dans l’Esprit, et chacun de nous que s’origine notre espérance. C’est le Christ seul qui sanctifie car il est tout à la fois le prêtre, la victime, l’autel. Le Christ est le roc sur lequel nous sommes invités à fonder, à construire et reconstruire à chaque instant notre vie. Avec le Christ, en Lui, par Lui tout est possible pour nous, pour l’Eglise et pour l’humanité toute entière enfin réconciliée.
La plus grande des trois, c’est la charité
Car pour être authentique notre cheminement vers Dieu et avec Dieu ne peut faire l’économie du prochain. L’autel qui est lieu du sacrifice où nous rencontrons le Christ et où nous le reconnaissons comme la vraie vigne est aussi lieu de notre réconciliation, réconciliation de chacun de nous avec Dieu, réconciliation avec nos frères et pardon sincère et authentique.
Tout au long de sa vie terrestre le Christ nous a enseigné et montré ce qu’est la charité. Au début de chaque célébration liturgique nous sommes invités à confesser notre péché et à implorer le pardon de Dieu et la prière de nos frères. C’est de l’autel que montent vers nous le pardon véritable de nos fautes et la miséricorde de Dieu qui nous justifie. Si le Corps du Christ, pain et vin consacrés, se livre pour nous sur l’autel, il nous constitue aussi de manière mystérieuse mais parfaitement réelle et efficiente, comme son Corps mystique, corps unifié, régénéré, tout entier tourné vers le Royaume. Et le Royaume dans lequel Dieu sera tout en tous est aussi le lieu où l’humanité se reconnaîtra comme fraternité.
Des reliques sont déposées dans l’autel pour nous rappeler que notre Eglise est une Eglise de témoins et de saints, dans laquelle nous sommes liés les uns aux autres, dans laquelle la charité est le signe vrai de l’amour que nous prétendons porter au Christ. S’il nous manque l’amour, nous ne sommes rien et certainement pas des disciples de celui qui a dit “il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. C’est donc vers le frère que nous renvoie l’autel. Le frère à aimer, à servir.
L’autel est donc bien plus qu’une simple pierre. C’est en mémoire de la passion du Christ, de sa mort et de l’incomparable matin de Pâques qu’il est oint de saint Chrême, encensé, illuminé non pas comme une pierre stérile mais comme un lieu fécond où nous viendrons refaire nos forces, recevant ici-bas les prémices du Royaume qui vient et dans lequel Dieu sera tout en tous.