Homélies données par Mgr Colomb pour la nuit de Noël et pour le jour de Noël à La Rochelle

25 Déc 2017

Homélies données par Mgr Colomb pour la nuit de Noël 24 décembre et pour le jour de Noël 25 décembre à la cathédrale de à La Rochelle.

 

Messe de la nuit de Noël

1relect. : Is 9, 1-6                          Ps : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc
2elect. : Tite 2, 11-14                                   Évangile : Lc 2, 1-14
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Le chemin du salut est en Jésus dans notre cœur.

 “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi”  C’est bien à notre monde que s’adresse ce texte. Les ténèbres semblent tomber sur notre terre. L’année 2017 fut porteuse de son lot de guerres, d’attentats, de catastrophes naturelles. La famine menace la vie de millions d’hommes dans une indifférence quasi générale. Les dérèglements climatiques jettent sur les routes des milliers de nos contemporains chaque jour.  Nos propres vies ne furent pas épargnées par les deuils, les maladies, les angoisses face à l’avenir.
Et voici qu’en cette nuit  se lève une lumière si puissante qu’elle sera capable de dissiper les ténèbres, d’apporter la paix et la stabilité, de faire advenir la joie. Et quelle est cette grande lumière ? C’est un tout petit enfant couché dans le froid d’une étable, réchauffé par la chaleur des animaux et la tendresse de ses parents. Laissons-nous saisir par cet extraordinaire renversement de nos valeurs.
Les héros proposés à l’admiration de nos enfants sont des supers héros, des Batman, des Superman, des Spider-Man, Iron Man… Vos petits garçons en trouveront peut-être au pied du sapin dans quelques heures ! La panoplie du super héros est complétée par des armes terrifiantes propres à anéantir les obstacles sur la route du pouvoir !
Nous-mêmes, adultes, nous laissons séduire par la tentation de la force. Le monde sera-t-il sauvé par la violence ? Non…  Ce débat de notre temps était déjà celui du temps de Jésus. Le messie attendu serait-il un roi tout puissant capable de terrasser les ennemis d’Israël ? Ce messianisme-là n’est pas celui des chrétiens. Ni la force, ni la magie, ne peuvent dissiper les ténèbres. C’est la conversion du cœur des hommes rendus capable de s’ouvrir à l’amour de Dieu qui seule peut ouvrir le chemin du salut.
Le psaume nous rappelle que toute la création perçoit le salut à l’œuvre en notre monde.  La terre et le ciel, tous les peuples et toutes les créatures, la mer et la forêt, exultent de joie.  Un jour enfin l’humanité toute entière aura mis sa confiance dans le Seigneur, et la face du monde s’en trouvera transfigurée.

La venue de Jésus change notre manière d’être : nous pouvons faire le bien.

Dieu s’est fait homme  et “la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes”, nous dit Paul. Dès lors, notre manière d’être en ce monde s’est trouvée modifiée. Il y a bien un avant et un après l’Incarnation car Dieu “s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien”. Faire le bien, voilà ce qui est le signe de l’homme transformé par la grâce de Dieu.  Ce bien dont nous sommes capables, c’est notre part de travail attendue de Dieu pour le salut du monde.
Dieu a besoin de notre conversion libre pour que l’humanité entière entre dans le chemin de la rédemption. Surmontons nos divisions, faisons taire nos haines, travaillons pour un monde plus juste et pacifié, unissons-nous autour de Jésus et rendons témoignage de notre foi dans l’accomplissement des promesses de Dieu “attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ”. Recherchons dans nos vies de quelle manière nous pouvons faire le bien ! J’ai célébré la messe dans les deux établissements pénitentiaires de l’Ile de Ré ce matin et en début d’après-midi, je peux vous assurer que nos frères chrétiens qui visitent régulièrement les prisonniers savent ce que c’est que faire le bien ….

Contemplons la tendresse de l’enfant de la crèche dans sa petitesse et écoutons l’appel divin lancé à l’humanité.

 Le prophète Isaïe avait annoncé  une immense lumière capable de déchirer toutes les nuits. La promesse s’accomplit en la personne d’un tout petit enfant couché dans une étable. Dieu est là, dans l’humilité et la vulnérabilité. Dieu n’est ni dans l’ouragan, “qui fend les montagnes et brise les rochers… ni dans le tremblement de terre… ni dans le feu….mais dans  le murmure d’une brise légère”  (1 Rois 19, 11 et s).  Dieu n’est pas un super héros, Dieu n’est pas un magicien. Dieu ne veut pas faire peur aux hommes. Il connaît leur faiblesse et leur péché et il s’approche d’eux avec délicatesse. C’est de nous qu’il attend des signes d’amour, lui qui est l’Amour, c’est de nous qu’il attend des signes de fraternité, de partage, lui qui est l’Ami, c’est de nous qu’il attend des preuves de confiance, lui qui est l’Espérance.
Mais nous, comment accueillons-nous cette tendresse ? Ouvrons-nous nos cœurs pour nous laisser trouver par Dieu ou demeurons-nous enfermés dans la citadelle de nos certitudes, dans la prison de nos peurs, dans le confort de notre médiocrité et de notre péché ?  Permettons-nous à Dieu de nous aimer, nous laissons-nous convertir, transformer, remodeler par cet amour ?
La nuit du monde est profonde et le cri qui la déchire est celui des pauvres, des désespérés, celui de nos frères chrétiens d’Orient qui comme Marie, Joseph et l’enfant Jésus prennent la route de l’exil. L’humanité a besoin de sens. Si nous nous laissons convertir jusqu’au plus intime de nos vies, nous deviendrons les missionnaires de l’Amour, les apôtres de Dieu qui ne cesse de venir visiter ce monde pour le sauver.
Contemplons l’Enfant de la crèche et demandons-lui cette grâce de la conversion. Dès cette nuit répondons à l’appel du pape François “J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur”  (La joie de l’Evangile n°3).
Et pour nous aider, Marie notre mère est là. “Elle est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est transpercé par la lance, celle qui comprend toutes les peines. Comme mère de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice.
Joyeux Noël, chers frères et sœurs, demeurez dans le cœur de Jésus, contemplez sa tendresse et vous ferez le bien !
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes
Dimanche 24 décembre 2017
 

 

Messe du jour de Noël

 1relect. : Isaïe 52, 7-10               Ps : 97, 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6                         2elect. : He 1, 1-6
Évangile :Jn 1, 1-18 ou 1, 1-5.9-14
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Émerveillés parce que sauvés et envoyés !
Humilité de Dieu : l’enfant de la crèche est le fils de Dieu
La parole de Dieu se fait homme : nous sommes invités à la rencontre
Émerveillés parce que sauvés et envoyés !
Ce jour de Noël est le jour de l’émerveillement. Voici que la promesse de Dieu a pris corps, voici que la rédemption promise a fait sa maison au milieu des hommes.
“Éclatez en cris de joie” nous dit Isaïe “car le Seigneur console son peuple”. Nous savons bien que cette joie n’est pas uniquement destinée à Jérusalem et au peuple hébreu. Isaïe le savait déjà : “Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre  Dieu”.
L’élection n’est pas un privilège, elle est envoi en mission. Aujourd’hui, nous qui avons reçu l’héritage de la foi, nous qui, par la fréquentation des sacrements et la méditation de la Parole, sommes entrés en amitié avec Dieu, nous devons accepter l’envoi en mission. Etre missionnaires de la Bonne Nouvelle, être messagers de la Paix, telle est la vocation du chrétien. Il y a encore tant de “lointains” à rejoindre : les peuples qui n’ont pas encore reçu la Révélation de Jésus Christ, mais aussi les périphéries dont parle le pape François, les pauvres, les sans voix, les désespérés de nos villes et de nos villages. A ceux-là la Bonne Nouvelle de Noël n’a pas encore était annoncée.
C’est la même joie d’être sauvé qui émerveille le psalmiste, avec le même souci des nations, toutes appelées au salut. Les hommes qui se savent sauvés, célèbrent, chantent et louent la fidélité de Dieu.
Et nous, personnellement et en Eglise, sommes-nous suffisamment porteurs de cette joie de croire et de se savoir sauvés ?

Humilité de Dieu : l’enfant de la crèche est le fils de Dieu

“À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils ». Voici l’inouï : Dieu lui-même qui vient converser avec les hommes, à l’image de la conversation d’amour qui vit dans le secret de la Trinité sainte.
“Dieu invisible, dans l’immensité de sa charité, s’adresse aux hommes comme à des amis et converse avec eux”, nous dit le Concile Vatican II (Dei Verbum n°2). Ce que Dieu veut c’est nous “recevoir en cette communion” poursuit le Concile.
Et pour cela, c’est le Verbe lui-même, celui par qui toute la Création a été appelée à la vie, qui fait sa demeure parmi nous.  La nuit dernière nous lisions le récit de la Nativité et nous découvrions Jésus vrai homme,  né dans une étable, qui vécut l’ordinaire de la vie  à Nazareth puis partit prêcher sur les routes avant d’être crucifié. Ce n’est qu’après la Résurrection et l’effusion de l’Esprit Saint que l’autre nature de ce Jésus se révélera : il est bien le Messie attendu par Israël pour le salut de toute l’humanité. Il est prophète, prêtre et roi,  il nous donne d’avoir part à la vie divine.

La parole de Dieu se fait homme : nous sommes invités à la rencontre

C’est de ce Messie, du  Christ que nous parle Jean. Nous sommes loin du bébé de la crèche- et pourtant c’est la même personne. Jean nous ramène à la genèse du monde. Dans le tout petit Enfant de la Vierge, c’est le Verbe de Dieu qui s’est fait chair. Le Verbe  était tout entier tourné vers Dieu dès l’origine, en dialogue d’amour. La Création, jusqu’à nous aujourd’hui,  est le fruit de ce dialogue amoureux.  La vocation définitive des hommes, une fois l’humanité délivrée du péché, c’est de participer en conscience à ce dialogue avec Dieu. Depuis l’Incarnation, ce n’est plus à la Loi que nous sommes soumis. Nous sommes invités à une rencontre, à une conversation, à un partage. A Noël la Parole de Dieu vient dialoguer avec nous.  Prenant la condition humaine dans toutes ses dimensions, Dieu a voulu avoir besoin des hommes et c’est pourquoi : “Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin”.  Etre témoin “pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.” Voilà la mission des disciples, voilà notre mission. Car la Bonne Nouvelle de Noël, nous ne pouvons pas la garder pour nous ! ” L’amour du Christ nous presse” dira Paul (2 Co 5, 14) et  “Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! “(1 Co 9, 16).
En ce jour de Noël, c’est un temps nouveau qui s’inaugure, une page vierge à écrire. Dieu nous tend la main. Il veut être notre ami. Il nous sauve et nous envoie vers nos frères dans un même mouvement.  Voici ce que le saint pape Jean-Paul II disait lors de sa visite en France en 1997: “Savez-vous ce que le sacrement du Baptême fait de vous ? Dieu vous reconnaît comme ses enfants et transforme votre existence en une histoire d’amour avec lui (Veillée baptismale avec les Jeunes – Méditation du Saint-Père, Hippodrome de Longchamp, Paris, 23 août 1997).  Et, dans une autre circonstance, il disait : “Dieu n’est pas le concurrent de l’homme, mais l’ami véritable, son allié le plus fidèle. Ce message doit être transmis à la vitesse de la lumière ! Ne perdez pas de temps … Dieu a besoin de vous et il vous appelle chacun par votre nom” (Discours du pape Jean-Paul II lors de sa rencontre avec les jeunes, 5 mai 2002).
Joyeux Noël, chers frères et sœurs, restez émerveillés par la rencontre de Dieu, Parole qui prend un chemin d’humilité, le chemin de l’homme, en ce jour de Noël. Parole incarnée qui nous invite à la rencontre, qui nous envoie en mission !
Joyeux Noël !
+ Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes
Lundi 25 décembre 2017

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