Originaire du Congo, Moïse Kiasa a été ordonné diacre en vue du sacerdoce par Mgr Georges Colomb, évêque du diocèse de La Rochelle, le 13 septembre 2020 en l’église Notre-Dame-des-Marais de Marans (Charente-Maritime). « Cher Moïse, lui a confié Mgr Colomb lors de son homélie, le diacre que vous allez devenir par le sacrement de l’ordination assurera le service de l’autel, servira les pauvres ».
A ses cotés se tenaient de nombreux prêtres du diocèse mais aussi certains diacres, ces derniers étant particulièrement invités aux célébrations d’ordinations diaconales. Né au Congo Brazzaville en 1985, Moïse a déroulé une partie de son cursus de formation dans son pays natal avant de rejoindre les séminaires de la Castille puis de Toulouse. Admis à l’ordre du diaconat dans le diocèse de La Rochelle, Moïse devra y apporter son aide dans le ministère de la Parole, de l’autel et de la charité.
Lors de cette célébration, Moïse s’est engagé au célibat (pour signifier le don de sa vie au Christ), à prier la liturgie des Heures (en union avec les chrétien pour intercéder pour eux auprès de Dieu), et a promis de vivre en communion avec l’évêque de La Rochelle ainsi qu’avec ses successeurs. Après lui avoir imposé les mains, Mgr Colomb a remis à Moïse un évangéliaire pour annoncer la Bonne nouvelle. De son côté, le nouveau diacre a été revêtu d’une étole diaconale et d’une dalmatique.
A la fin de la célébration, les paroissiens de Notre-Dame-des-Marais, où Moïse a servi pendant trois ans, lui ont offert des étoles qui lui iront pour son temps de diacre, et si Dieu le veut, pour son ministère sacerdotal le moment venu. En attendant, Moïse ira servir dans une autre paroisse : à Saint-Jean-d’Angély. Laudate Dominum !
Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 13 septembre 2020
Ordination diaconale de Moïse
Cher moïse,
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, c’est avec une joie toute particulière que nous accueillons Moïse. Tout d’abord, je voudrais remercier ses parents et sa famille. Moïse, vous direz merci aux vôtres d’avoir offert leur fils à l’Eglise ! Sans eux, cette ordination aujourd’hui n’aurait pas lieu ! Merci d’avoir donné votre fils à l’Eglise afin qu’il devienne un serviteur de l’Eglise ! Et vous cher Moïse, merci pour votre vie donnée aujourd’hui ! Que votre Oui soit Oui ! Merci d’avoir répondu « Oui » à l’appel du Christ.
Vous avez entendu l’appel du Seigneur à le suivre, cheminé depuis plusieurs années à sa suite, discerné sa volonté, et maintenant, vous franchissez une nouvelle étape sur la route du sacerdoce. Vous allez être ordonné diacre, c’est-à-dire qu’à l’image du Seigneur Jésus qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir (Mt 20,28), vous allez devenir serviteur.
Votre disponibilité au service de Dieu et de son Église, sera rendue visible par votre engagement au célibat pour le royaume. Vous vous donnerez tout entier, corps et âme, pour suivre le Christ et travailler à le faire connaître et à annoncer la Bonne nouvelle de l’Evangile. Vous vous engagerez aussi, par la liturgie des heures, à la louange et à la prière pour vos frères, que vous servirez en ayant un souci particulier des plus pauvres. A ceux-là, vous montrerez le visage miséricordieux du père dont nous parle la liturgie de ce jour.
APPPORTER LA NOUVEAUTE DE L’EVANGILE DANS LA VIE DES HOMMES – AIMER et PARDONNER
La liturgie aujourd’hui nous parle du pardon. De ce pardon que nous devons nous donner les uns aux autres pour que nos familles, nos communautés, nos paroisses, notre société toute entière vivent en paix et soient signes de l’amour de Dieu et du Royaume qui vient…
Depuis Caïn nous savons que la colère habite en nous et que notre mouvement naturel nous porte vers la vengeance plus souvent que vers le pardon quand nous nous sentons offensés. Pourtant, c’est à notre capacité à nous aimer les uns les autres, notre capacité à vivre en frères qui s’aiment, se respectent et se pardonnent que nous serons reconnus comme disciples de Jésus.
Rappelons-nous ses paroles « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35). Nous le savons bien, l’amour est indissociable du pardon. Alors comment faire, puisque les heurts sont inévitables, que les inimitiés existent, et parfois même la violence et la haine, puisque nous vivons aujourd’hui dans une société qui aime à dénoncer, stigmatiser, montrer du doigt, souvent sans discernement.Comme Pierre, nous nous interrogeons. Combien de fois dois-je pardonner à celui qui m’a offensé ? Nous aimerions que Jésus nous donne des recettes prêtes à l’emploi.
Mais « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » dit Dieu par la bouche du prophète Isaïe (55, 8). A Pierre qui a bien compris que le pardon était une chose essentielle pour être disciple du Christ, Jésus répond par une parabole. Il ne s’agit pas de pardonner sept fois mais 70 fois sept fois, c’est-à-dire à l’infini comme le fait le roi vis-à-vis de son serviteur.
LA SURABONDANCE DE LA GRACE
La question de Pierre nous laisse supposer que les querelles n’épargnaient pas la communauté des disciples… Il y avait peut-être des jalousies, des disputes, en tout cas, matière à se pardonner. Et ce pardon, il n’y a pas lieu de le marchander. Il faut pardonner aussi longtemps que cela est nécessaire. Nous pouvons pardonner car nous savons que nous-mêmes nous avons besoin de pardon. Pardonnez sinon vous ne serez pas pardonnés, c’est en gros ce que nous dit le sage de l’ancienne alliance.
Mais Jésus va beaucoup plus loin non pas pour nous fixer des objectifs inatteignables mais pour nous faire progresser sur le chemin de la confiance et de la foi. La dette que le roi remet à son serviteur est une dette immense, des millions d’euros d’aujourd’hui, c’est-à-dire au fond une dette impossible à rembourser. Le roi, c’est à dire Dieu, sait bien que nous sommes incapables de lui rembourser tous les dons qu’il nous fait. Ce qui l’anime c’est de la tendresse, de la pitié, de la compassion, pour nous.Sa colère vis-à-vis des hommes, de leurs injustices, de leurs infidélités, ne dure jamais. Il sait que nous sommes faibles, il sait de quoi nous sommes capables et quand il remet nos dettes ce n’est pas par calcul, pour en tirer un bénéfice secondaire. Il les remet par pure générosité, parce que sa grâce est surabondante.
C’est cette même grâce qui se manifeste dans l’appel. Le Christ nous appelle, il t’appelle toi, Moïse, à le suivre de manière toute particulière, exclusive. Cet appel est un don gracieux fait aux hommes ; il ne dépend ni de nos mérites, ni de nos qualités propres. Simplement, il nous dit quelque chose de l’immensité de l’amour de Dieu pour sa création et pour chacun de nous. Le baptême n’a pas fait de nous des êtres parfaits et finalement ce n’est pas ce que Dieu nous demande. Ce qu’il attend de nous avant tout c’est que nous le regardions comme un père plein de tendresse et de miséricorde, un père toujours prêt à pardonner, c’est-à-dire à donner, malgré notre péché, nos faiblesses, nos pauvretés.
Nous pouvons dans notre vie, perdre notre temps à faire le décompte des offenses que nous avons subies. Nous pouvons aussi scruter notre cœur et y trouver la trace des offenses que nous avons fait subir à notre prochain. Dieu sait quel mal est à l’œuvre en ce monde. Il le sait par la croix de Jésus qui a versé son sang pour notre salut. Notre péché est immense, notre dette incalculable. Alors il ne nous reste plus qu’à nous tourner humblement vers Dieu. Si nous voulons nous approcher de Jésus, nous devons accepter de recevoir la plénitude de son pardon, la plénitude de ses dons.
Alors, à notre tour, nous pourrons remettre ses dettes à notre prochain et prier dans la pleine conscience la prière du Notre Père qui dit « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés « .
Cher Moïse, le diacre que vous allez devenir par le sacrement de l’ordination assurera le service de l’autel, servira les pauvres… Vous aurez aussi pour mission de proclamer l’évangile, d’assurer le ministère de la Parole, de vous mettre à l’écoute de chacun afin de trouver les mots justes pour faire connaître le Christ, pour dire à nos contemporains qu’ils sont aimés par Dieu, que le baptême reçu ou qu’ils recevront grâce à vous fera d’eux des hommes nouveaux qui auront pour mission d’aimer, de pardonner, de grandir en Église.
Voilà la belle mission qui devient la vôtre : apporter la nouveauté de l’évangile dans la vie des hommes. Vous le ferez à Saint-Jean-d’Angély où tout votre ministère consistera, comme nous le rappelle le psaume, à annoncer aux hommes le pardon du Seigneur. Laissez-vous aimer par Lui, pour l’aimer à votre tour et le faire aimer. Laissez-vous voir, dans votre état misérable de pécheur, afin de le voir à votre tour.
Rassurez les hommes de ce temps, c’est parce que le Christ les connaît, tels qu’ils sont, c’est parce qu’il les aime tels qu’ils sont, qu’ils peuvent aller joyeusement à sa rencontre. C’est la rencontre avec le Seigneur, l’intimité avec lui qui libère l’homme, en fait un homme debout.
+ Georges Colomb
Evêque de La Rochelle et Saintes