Homélie du 6 décembre 2020 – 2ème dimanche de l’Avent
1e lect. : Is 40, 1-5.9-11 Ps : 84, 9ab-10, 11-12, 13-14
2e lect. : 2 P 3, 8-14 Évangile : Mc 1, 1-8
Chers amis,
Les lectures du 1er dimanche de l’Avent nous engageaient sur le chemin de la conversion pour une vie féconde, une vie de veilleur. En ce deuxième dimanche, nous sommes invités à l’action. Le Seigneur fait de nous les consolateurs de son peuple. Il ne nous cache pas les difficultés, l’aridité du sol sur lequel nous devons tracer pour lui une route pour que se manifeste sa gloire. Quelles belles missions : consoler ceux qui pleurent, construire le chemin pour le Seigneur !
Chers amis, sachez le, votre mission est belle car notre Dieu compte sur vous. C’est l’écoute de sa parole, votre ingéniosité, votre travail intellectuel et manuel quotidien qui lui permettront de manifester sa gloire. Vous le voyez, Dieu est proche de chacun de vous. Le psalmiste attire notre attention sur l’écoute et fait le lien entre le salut qui nous est réservé et la gloire de Dieu.
Comment se manifestera cette gloire divine qui est le plus beau cadeau de Noël pour vous ? Le psaume 84 nous donne la réponse : La justice et la paix habiteront vos vies, amour et vérité se rencontreront dans vos pensées ,dans vos initiatives, en famille, pour le monde. Ce sont tous ces bienfaits de Dieu qui permettront à notre terre, à votre vie de donner du fruit ! Votre vie aura le goût et la fraîcheur d’un bon fruit ! Voici venu le temps de la nouveauté pour notre terre et notre ciel malmenés par la folie des hommes.
Vous êtes les prophètes de la terre nouvelle ! Que vous faut-il pour cela ? il vous faut la simplicité de vie, l’humilité et le courage de Jean-Baptiste. Ce sont les cadeaux que le Seigneur vous fera à Noël, demandez les dans votre prière.
Aujourd’hui, qui est ce messager envoyé par le Seigneur ? Est-ce un ami, est-ce votre conjoint, est-ce le prêtre qui célèbre la messe de ce jour à laquelle, grâce à Dieu, vous pouvez de nouveau assister ? Est-ce telle figure de saint dont la vie nous est proposée comme modèle par le calendrier liturgique de l’Eglise ? Et si c’était vous-même que le Seigneur appelle pour être le messager de sa bonne nouvelle à vos amis et diverses relations ?
En ce temps de l’Avent, nous sommes invités à nous préparer à accueillir dignement la vie de Dieu, la joie de Bethléem. Dieu, pour sauver son peuple, a besoin de lui, il l’invite à l’action ! Chacun doit se redresser, se reprendre vigoureusement en main. Il s’agit de collaborer ensemble au projet divin qui suppose d’abord la clairvoyance sur nous-même !
Dans sa lettre, l’apôtre Pierre nous dit quelles sont les dispositions qui doivent être les nôtres pour accueillir la venue du Seigneur (piété, sainteté de vie…). Il s’adresse à des chrétiens qui s’impatientent (certains prétendent qu’il a du retard..). Il nous rappelle que le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. Il n’y a pas le temps d’avant et celui d’après.
Il y a le temps de la conversion, de la vie chrétienne. Pour la réalisation du grand projet de Dieu (Les cieux nouveaux, une terre nouvelle), il est urgent de prendre son temps ! Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament, avec humilité, vient accomplir ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe. Il est la voix qui crie dans le désert : «Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route». Il nous annonce que tout ravin sera comblé… Ces ravins, ce sont nos manquements, devant Dieu, avec nos frères. Ce sont nos péchés, nos omissions.
L’individualisme et la suffisance qui caractérisent l’homme contemporain font de lui un orgueilleux qui évacue la prière de sa vie quotidienne, il n’a pas besoin de Dieu, c’est un des grands vides de son existence. Jean-Baptiste nous invite à éliminer ces obstacles. «Toute montagne et toute colline seront abaissées… », il désigne notre orgueil, notre superbe, tout ce qui se passe quand notre vie reste centrée sur nous-mêmes. Tous ces obstacles qui nous éloignent de Dieu et de nos frères doivent être éliminés «les passages tortueux deviendront droits, les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire de Dieu se révèlera à tous». La gloire de Dieu, c’est l’homme debout !
Le message du prophète Jean-Baptiste est clair. L’heure est à la décision et à l’action. Il faut en finir avec les préjugés que nous avons contre les autres, contre l’Église, les évêques, les prêtres, contre les chrétiens qui ne pensent pas comme nous et même contre Dieu. Notre vie chrétienne est un combat de tous les jours, une lutte contre les forces du mal. Nous ne sommes pas des moutons de Panurge chargés de répéter les formules du prêt à penser dominant. Exerçons notre liberté de Baptisé ! Le combat vaut la peine d’être mené car, avec le Christ ressuscité, c’est l’amour qui triomphera.
Avec le psalmiste (Ps : 84), tournons-nous vers Dieu «J’écoute : que dira le Seigneur Dieu». Cette attitude d’écoute nous prépare à l’action. En scrutant la Parole de Dieu, en nous mettant à l’école de la prière et de l’oraison, en fréquentant les sacrements, Dieu nous a rendus capables de discerner sa volonté. Traçons et préparons avec lui le chemin du bonheur des hommes. Le projet de Dieu est un projet de paix et de justice, un projet d’amour : “Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice”. En ce temps de l’Avent, temps de conversion, comment vais-je entrer concrètement dans ce projet de Dieu sur notre monde ? Comment vais-je manifester mon désir de justice, de paix, de vérité ?
Entrer sur ce chemin de conversion, c’est pour chacun d’entre nous, discerner, au cœur de sa vie, tout ce qui encombre, tout ce qui fait obstacle à une plus grande intimité avec Dieu, tout ce qui détourne de la fraternité et du partage, (l’envie, la jalousie, le mensonge), pour le déposer au soir de Noël au pied de l’Enfant Jésus et, avec l’aide des frères et le soutien des sacrements, accepter de se mettre en route pour devenir disciple-missionnaire.
Nous avons reçu plus que le baptême de Jean Baptiste, nous qui avons été baptisés dans l’Esprit Saint. Le message divin à un peuple en exil, hier, est envoyé à un peuple diversement éprouvé, aujourd’hui, mais ce peuple regarde la route qui conduit à la paix et à la joie de Bethléem. Disciples missionnaires, nous le sommes tous en raison de notre baptême. “Chaque baptisé… est un sujet actif de l’évangélisation” (Pape François “La joie de l’Evangile” n° 120). Il est urgent que nous prenions conscience de ce devoir missionnaire en prenant notre place dans l’Eglise au service de l’annonce et du dialogue. Le monde a faim et soif, ne gardons pas pour nous la joie de la révélation. Portons le Christ à nos frères, ce sera notre cadeau. Venez divin messie !